Saint-Raphaël, Valescure (Var) et le square Mariani en 2023.

En tout premier lieu le maire de Saint-Raphaël, M. Frédéric Masquelier évoque l’idée sur Facebook en décembre 2019 de mettre en valeur Angelo Mariani. Et/ou, on s’aperçoit en janvier 2023 qu’il a tenu parole. À ce jour cette commune varoise est la seule en France et en Europe (1) à avoir ainsi rendu hommage à ce grand mécène du monde culturel de la IIIe République avec la dénomination d’un lieu dit : square Mariani. La société des Amis d’Angelo Mariani l’en remercie.

Trois autres personnes doivent être aussi nommées dans cette dynamique. Il s’agit en premier lieu de Marie-Ange Mariani arrière-petite-fille d’Angelo Mariani, soutien inconditionnel de notre association, et ce depuis plus d’une décennie, maintenant. Eh oui, déjà ! D’un habitant ensuite du quartier de Valescure, M. Olivier Rolland, Président de l’association des habitants du cœur historique de Valescure (2). Et enfin M. Christophe Mariani qui a repris l’œuvre du maître et qui se positionne en 2023 pour l’anniversaire des 160 ans du produit inventé par Angelo Mariani en 1863.

Sous l’impulsion des services de communication de la commune de Saint-Raphaël sont apparus divers totems urbains explicatifs en ces lieux.

Dr : Commune de Saint-Raphaël.

Dr : Commune de Saint-Raphaël.

Et si vous allez sur Google Map, le square Mariani y est bien référencé.

Dr : Google Map.

On pourrait aussi attirer l’attention sur un autre aspect patrimonial de cette commune. En lien avec le premier. C’est la présence d’une dépendance de la villa Andréa dénommée : Les Violettes. Cette bâtisse mitoyenne à celle d’Angelo Mariani et qui existe toujours servait à recevoir ses amis comme l’aviateur Roland Garros qui y séjourna une nuit jusqu’à son départ pour son vol intercontinental, le premier au monde le 23 septembre 1913. Peut-être qu’une plaque informative à l’attention des touristes pourrait agrémenter cet endroit ?

Dr.

On ne peut pas non plus se quitter sans évoquer un acte de bravoure du petit fils d’Ange-François Mariani en 1933, seulement âgé de 19 ans, basé bien entendu à Valescure à la villa Andréa. Il sauva deux personnes en perdition en pleine mer d’une mort certaine devant Saint-Raphaël. Son acte altruiste eut pour écho le Journal de la République française en 1934.

Dr. Extrait J.O de la République française, 2 août 1934.

Dr. La médaille de bronze au nom d'Angelo Mariani.

La villa Andréa à Valescure commune de Saint-Raphaël.

Dr.

Puisque l’on évoque la villa Andréa aujourd’hui disparue, il est à remarquer qu’une iconographie originale de ladite demeure réalisée par le célèbre peintre et proche ami d’Angelo Mariani, Enrique Atalaya est apparue en avril 2022 par le biais d’une vente aux enchères, à Pau (Pyrénées-Atlantique). Cette image (3) fut en effet proposée lors d’une adjudication dans la capitale béarnaise et présentée notamment sous la forme d’une photographie que voici (extrait).

Dr. Maison de ventes aux enchères à Pau, avril 2022.

Observons de plus près cette belle peinture. Nous sommes dans la cour d’entrée d’Angelo Mariani à Valescure en septembre 1903. On repère de suite les colonnes au niveau du portail ornementé dans leurs hauteurs par deux magnifiques vases remplis d’aloe vera. Parmi les quatre personnages présents sur cette aquarelle, on voit immédiatement le maître de maison tout de blanc vêtu comme à son habitude avec son couvre-chef dans la main gauche et sans sa célèbre canne produite en un seul exemplaire par Oscar Roty, son ami. D’ailleurs n’est-ce pas lui qui discute avec le maître ? Dans le dos d’Angelo Mariani, Isabelle Chapusot admire le panorama de Valescure. Au premier plan, c’est l’invité mystère, mal en point. Son canotier et sa canne sont posés sur une chaise pendant que son pied gauche se repose. Est-ce un parisien qui n’a pas supporté une excursion pédestre dans les alentours ? On pourrait penser de prime abord à Joseph ou Octave Uzanne, amis d’Angelo Mariani. Mais cela ne colle pas avec la chevelure peu étoffée de l’individu représenté. Ou alors n’est-ce pas plutôt Xavier Paoli ?

Dr.

Sur cette carte postale, ci-dessus on distingue au premier plan, la nymphe en bronze réalisée par Théodore Rivière, le macaron en forme de tête de faune exécuté par Oscar Roty (qui existe toujours) et la plaque d’inauguration correspondant au 27 février 1905. Le tout financé (encore une fois) par Angelo Mariani et ce dans la plus grande discrétion. En arrière-plan, on peut admirer la partie supérieure de la demeure d’Angelo Mariani.

Ensuite et à contrario, on ne s’attardera pas sur notre dernier ouvrage avec un chapitre consacré là encore à Angelo Mariani. Le plus simple étant d’aller sur le site de la maison d’édition pour en savoir plus : http://www.dalechall.fr

Dr.

Autre livre, celui édité par la Ville de Saint-Raphaël.

Dr : Municipalité de Saint-Raphaël (Var).

En vente depuis janvier 2023 au Centre culturel et intitulé : Saint-Raphaël-Personnalités et Célébrités. On y note selon la municipalité la présence d’Angelo Mariani : « De Bonaparte à Charles de Gaulle, de Victor Hugo à Colette, de Scott Fitzgerald à Joseph Kessel, d’Eugène Fromentin à Louis Valtat, de Jacques Henri Lartigue à Helmut Newton, de Charles Gounod à Vincent d’Indy, de Lydia Yavorska à Élisabeth Taylor, d’Angelo Mariani à Yves Le Prieur, Saint-Raphaël a su attirer les grands de ce monde par son cadre naturel, son patrimoine et sa douceur de vivre. Autant de personnalités de premier plan qui ont donné ses lettres de noblesse à la cité de l’Archange : métamorphosant son devenir, éveillant les esprits, apportant un regard éclairé sur notre société et notre avenir ».

En outre saluons un très beau site internet http://www.octaveuzanne.com décliné aussi sous la forme d’un blog consacré à l’œuvre littéraire et bibliophilique d’Octave Uzanne, intitulé : Octave-Uzanne-bibliophile.blogspot.com/. Il est tenu par un passionné de livres anciens : Bertrand Hugonnard-Roche qui n’oublie de mettre en valeur Joseph Uzanne qui fut le secrétaire particulier d’Angelo Mariani. À ce sujet, il faut vraiment lire la correspondance inédite entre les deux frères dans laquelle Valescure est citée à de multiples reprises.

LUNDI 29 AOÛT 2022

Correspondance inédite. Lettres d’Octave Uzanne à son frère Joseph Uzanne. Année 1909. Du 1er janvier au 30 décembre 1909.

MARDI 28 JANVIER 2014

Octave Uzanne et la Villa Andréa ou Villa Mariani (1906-1910) à Valescure (St-Raphaël) chez Angelo Mariani.

Arrivée au terme de notre présentation, osons une dernière remarque. Un jour peut-être la Nymphe de Théodore Rivière réapparaîtra en 3 D grâce notamment à la multitude de traces visuelles présente encore aujourd’hui. Même si elle ne renaîtra pas en bronze (hors de prix), il est réaliste de penser qu’elle fera son retour avec un alliage moins onéreux et plus résistant…A.D

Dr. Source (Antoine Bandiéri) revue l‘Illustration du 11 mars 1905, n° 3237. On y voit à gauche du cliché Théodore Rivière, au milieu et à droite Oscar Roty et Angelo Mariani accompagnés de leurs cannes respectives.

Dr.

Dr : Municipalité de Saint-Raphaël (Var).

Dr.

Dr.

Enfin à noter que la Société des Amis d’Angelo Mariani vient de publier sa nouvelle lettre d’informations n°34.

(1). Il existe un totem urbain aux États-Unis dans la ville de Columbus, ville natale de John Pemberton en Géorgie (USA) érigé en 2015 évoquant le vin Mariani par deux groupes d’historiens américains (Historic Columbus Foundation, Inc et The Historic Chattahoochee Commission).

(2). Cf, le magazine municipal de la ville de Saint-Raphaël, Le Lien numéro 144 de novembre/décembre 2019, pp 18 et 19, puis le numéro 159 de juillet/août 2022 pp 14 et 15 et celui numéro 162 de janvier/février 2023 pp 22 à 23.

(3) Enrique Atalaya (1851-1914) « Parc de la villa Andrea à Valescure St Raphaël ». Huile sur carton fort (15,5 x 23,5 cm) signée, titrée et dédicacée en bas à droite « À mon ami Angelo Mariani, Villa Andrea à Valescure St-Raphaël, septembre 1903 » .

Juana Romani et Angelo Mariani

   Cela faisait quelque temps déjà qu’il nous paraissait important de devoir évoquer le parcours d’une femme dénommée Juana Romani dans le premier cercle des amis d’Angelo Mariani. L’occasion vient de nous en être donnée par l’un de ses descendants (Gabriele Romani). Ce dernier avec Tiziana d’Acchille, Présidente et directrice de l’Académie des beaux arts de Rome nous contactèrent en juillet 2017. Ils souhaitaient obtenir un éclairage historique sur la relation culturelle entre Angelo Mariani le mécène corse et Juana Romani d’origine italienne pour une rétrospective intitulée : Juana Romani. La petite Italienne. Du modèle au peintre à Paris, fin de siècle. Ce que nous fîmes avec grand plaisir. L’exposition en l’honneur de Juana Romani eut lieu à Velletri (sa commune natale à 30 kilomètres au sud de Rome) dans le merveilleux couvent du Carmel du 22 décembre 2017 au 28 janvier 2018, accompagné d’un très beau catalogue raisonné édité par la célèbre maison d’Édition : L’Erma de Bretschneider avec plusieurs textes élaborés par Marco Nocca, Gabriele Romani, Alessandra de Angelis, Francesca Sacchini. Introduction de Mario Alì et Tiziana d’Acchille, Fausto Servadio et Luca Masi de la commune de Velletri, de Claudio Micheli, Directeur artistique à la Fondation Art et Culture, et aussi Mme Consuelo Lollobrigida. Sans oublier Claire Bessède, Marion Lagrange, Emmanuelle Trief-Touchard, Diane Poirier, Laura Malosetti Costa et Georgina Gluzman, Cesare Erario, Pier Luigi Berto, Renato Mammucari, Umberto Savo et nous-mêmes. Selon plusieurs médias italiens, rien que pour la presse écrite, cet événement artistique connut un réel succès à l’image de l’article de Lorenzo Madaro dans La Republica du 23 décembre 2017 ou bien celui de  Edoardo Sassi le même jour dans le Corriere della Sera.

Extrait. Couverture de l’ouvrage de l’exposition.

L’entrée. Dr : Gabriele Romani.

Dans le vestibule ou en moyenne 120 personnes chaque jour sont passées afin d’admirer l’évocation de Juana Romani. Dr : Gabriele Romani.

La salle principale. Dr : Gabriele Romani.

Dr : Gabriele Romani.

Dr : Gabriele Romani.

Dr : Gabriele Romani.

Dr : Gabriele Romani.

Dr : Gabriele Romani.

 

Voici donc maintenant le texte en question : La peintre Juana Romani et son éclosion à Paris grâce notamment à l’aide discrète d’Angelo Mariani.

   Quand on lit les nombreuses contributions récentes concernant l’œuvre artistique de Juana Romani, on ne peut être surpris qu’à chaque fois, on croise l’évocation régulière de ce mystérieux Angelo Mariani. Commençons donc par ce personnage.

   En sa qualité de mécène, il offre à Paris en cette fin de XIXe siècle, la possibilité aux artistes remarqués de toute nationalité de les aider notamment financièrement. C’est le cas de Juana Romani, qui a été à la fois soutenue et aimée de deux hommes : l’écrivain Armand Silvestre (1837-1901) et le peintre Ferdinand Roybet (1840-1920). Eux-mêmes étaient bien entendu en contact avec Angelo Mariani. C’est pourquoi ce dernier présente dès son 2e album Mariani en 1896, Juana Romani. C’est donc à ce titre qu’Armand Silvestre rédige en préambule de ce volume ces quelques lignes à son sujet : «Une toute jeune gloire, mais combien étincelante déjà : celle de Juana Romani, dont le succès va grandissant aux Salons annuels des Champs-Élysées, artiste de son pays, petite fille du Titien qui sait chiffonner, au besoin, des robes à la parisienne. C’est l’interprète naturel, trouvant en elle-même comme le trésor où elle puise, de la beauté féminine, mais aussi l’interprète viril par la puissance de l’exécution. La beauté et le talent ne furent jamais, je crois, mariés plus étroitement en un être impérieusement né pour l’art et pour la séduction, merveilleusement douée et cependant volontaire, travailleur admirable dont l’œuvre grandit comme s’épanouit une véritable floraison».

Album Mariani , Tome 2, 1896.

   On constate en outre que Juana n’hésite pas à se mettre en scène avec plusieurs bouteilles de vin Mariani à la coca et une branche de cet arbuste (1). À cela s’ajoute une petite phrase bien agréable : C’est le rêve. À Angelo Mariani le plus sympathique des amis. Juana Romani.

   Mais cela ne s’arrête pas là. Car Angelo Mariani en janvier 1899 met en avant de nouveau Juana Romani à travers ses encarts publicitaires qui vont devenir en 1896 le Supplément illustré ayant comme soustitre Figures contemporaines. Par la suite, ils accompagnent la sortie de chaque Album Mariani. À partir de 1905, le tirage de chaque supplément qui se compose de 80 personnages vantant les mérites des produits Mariani avoisine les 800 000 exemplaires. Dans ce quatrième supplément, où l’on peut admirer le Président U.S Mac Kindley, mais aussi le Pape Léon XIII, consommateurs du vin à la coca Mariani, on voit notre Juana Romani saluer Angelo Mariani en ces termes :

Le Journal, supplément illustré, 3e série janvier 1899, première page.

Le Journal, supplément illustré, 3e série janvier 1899, 15e page.

Le Journal, supplément illustré, 3e série janvier 1899, extrait de la 15e page.

À Angelo Mariani.

Après un bon macaroni,

Qui de coca se désaltère

Connait le bonheur sur la terre

C’est mon cas.

Juana Romani. (Janvier 1899).

   C’est un petit mot, semble-t-il, sans grande importance, à première vue. Cependant mine de rien, il a une réelle histoire. Que voici. En février 2001, fut publié à Biguglia en Corse, le premier ouvrage dédié à l’aventure d’Angelo Mariani (2). En parcourant ce beau livre, on put observer la reproduction d’un menu rédiger en italien par Ferdinand Roybet et daté du mardi 6 septembre 1898. Cet élément iconographique novateur apporte plusieurs informations (3).

Menu de Ferdinand Roybet in Jean-Michel et Toussaint Alessandrini, L’histoire de la première boisson à la coca, Éditions Stamperia Sammarcelli, Biguglia, 2001.

    La première est que Juana Romani fut l’invitée d’honneur avec sa mère Marianna Romani chez Angelo Mariani, au 11 rue Scribe près de l’opéra à Paris. La seconde, correspond à l’idée que Juana Romani à de surcroît de la mémoire, car elle reprendra le terme italien de maccheroni en macaroni pour illustrer à son tour en français sa publicité au vin Mariani, à peine quelques mois plus tard. Enfin tous les invités présentés sur ce menu font partie du premier cercle restreint d’amis d’Angelo Mariani (Juana et Marianna Romani, Charles Albert Waltner, Ou-Tai-Tchang, Enrique Atalaya, Xavier Paoli et bien sûr Ferdinand Roybet).

    Avec ce dernier, dont elle est devenue l’élève, c’est une autre histoire. Juana Romani se transforme vers 1890, en son égérie et maîtresse selon l’universitaire Marion Lagrande (4). En l’espace d’une décennie à ses côtés, elle est enfin reconnue en sa qualité de femme peintre de renommée internationale. Cela fait dire de la part du journal Le Figaro, du 30 avril 1898 que : « Mlle Juana Romani peint maintenant avec plus de souplesse et d’éclat que son maître Roybet lui-même…». L’élève a donc dépassé le maître. Celui-là-même qui exécutera plus tard le portrait d’Angelo Mariani.

Portrait d’Angelo Mariani (extrait) réalisé par Ferdinand Roybet, 1910, collection particulière, Paris. Cf, la lettre de la SAAM, n°16.

Mais qui est vraiment Angelo Mariani?

   À la fin du XIXe siècle, un curieux remontant médicinal fait son apparition sur le marché parisien. Il s’agit d’un mélange à base de vin de Bordeaux et de feuilles de coca, né en 1863 à Bastia en Corse. Il remporte ipso facto un franc succès sous le nom de : Vin Mariani. Nous sommes à la fin de l’année 1871, au sortir de la guerre contre les Prussiens. Son inventeur, un corse originaire d’un très beau village dénommé Pero-Casavecchie, est un personnage hors du commun, grand thuriféraire de la coca devant l’Éternel. Il fut aussi sans le savoir et de manière bien involontaire, au départ de la très célèbre boisson américaine : Coca-Cola. En effet, son breuvage Mariani (le vin à base de coca) servit de concept de base (French wine coca) pour le pharmacien John Pemberton à Atlanta (USA). Et oui le Coca-Cola symbole de l’Amérique ou même titre que la statue de la Liberté (5) a bien une origine française. Et ce, bien qu’aujourd’hui cette multinationale U.S, tait son origine…mais Mariani, ce n’est pas que cela ! C’est surtout le mécène providentiel pour bon nombre d’artistes français ou non, hommes ou femmes (peintres, écrivains, sculpteurs, poètes, graveurs, musiciens, dessinateurs, chanteurs) au début du XXe siècle… N’oublions pas enfin qu’il fut l’un des tout premiers publicistes en France (6).

   D’ailleurs une multitude d’objets publicitaires à la consécration d’Angelo Mariani se font jour. Que dire en effet de son don pour la réclame ? Outre sa célèbre série de figures contemporaines (7) qui réunit les plus grandes personnalités (8) de la belle époque, il lance sur le marché en parallèle à son vin d’innombrables produits dérivés à vocation sanitaire. C’est ainsi que voit le jour un thé Mariani connu sous le vocable d’extrait concentré de coca, mais aussi des pâtes toniques et pectorales (losange de gomme, de sucre et de coca) et les pastilles Mariani (composées de 2 milligrammes de cocaïne associée à de la gélatine) sans oublier un élixir (plus alcoolisé et contenant trois fois plus de cocaïne). Mariani n’hésite pas non plus dans la foulée à acheter des pages entières de suppléments (9) dans divers journaux comme Le Gaulois, ou bien encore Le Temps et Le Figaro afin d’informer le grand public de l’existence de son célèbre vin médicinal aux feuilles de coca. Il poursuit son offensive commerciale et culturelle par l’édition d’ouvrage à la gloire de ce végétal sous la forme de contes. C’est la création de buvards frappés du nom de son entreprise et surtout une série de 150 cartes postales à la gloire de son vin (10). Cet élément publicitaire créé en 1910 était destiné à être expédié par la poste en cinq pochettes contenant un jeu de trente cartes. De type monochrome, ces cartes étaient distribuées en grandes quantités. L’ensemble étant vendu au prix modique de dix centimes de l’époque. Très rares sont les cartophiles de nos jours qui peuvent prétendre être en possession de la totalité de ces cartes postales (11).

   Mieux, Angelo Mariani propose des enveloppes recouvertes de publicités à la gloire de son vin. Ces plis publicitaires légalement utilisés par la poste reprenaient entre autres la représentation d’un enfant s’abreuvant du divin produit… À ce stade de notre étude, le plus simple, peut être pour tenter de répondre à cette exigence, est de s’arrêter un instant sur la propre chronologie de ce Corse afin de découvrir des liens pour le moins étonnant (cf l’encadré de la chronologie d’Angelo Mariani). À cela, on y ajoute une iconographie qui nous fut offerte par l’historienne, Mme Françoise Escoffier-Robida (1911-2006) qui avait gardé le souvenir d’Angelo Mariani. Notons enfin que cette dernière publiait dès 1967 un court texte fondateur sur l’existence d’Angelo Mariani dans le cadre d’un catalogue pour le musée Roybet-Fould.

Portrait par Nadar d’Angelo Mariani en 1878 à Paris.

   Peut être que les descendants de la famille de Juana Romani à l’image de Gabriele Romani auront à l’idée de célébrer cette exposition et ce catalogue à la gloire de leur ancêtre en ce mois de décembre 2017 à Rome. Mais de grâce qu’ils n’utilisent pas de champagne ou tout autre breuvage, mais un bon Vin Mariani à la coca (12) comme leur aïeule pour honorer ce moment.

Bouteille Mariani servant d’illustration pour les Albums Mariani.

   Car oui ce célèbre breuvage a pu ressuscité (13) grâce à l’abnégation d’un dénommé Christophe Mariani (14). Cela ferait à coup sûr plaisir à une certaine Juana Romani qui eue le privilège de rencontrer à plusieurs reprises notre Angelo Mariani.

                                                       À la Forêt Fouesnant, le 12 octobre 2017, Alain Delpirou.

 Encadré : Ange-François dit Angelo Mariani (1838-1914).

1838 : Naissance d’Ange-François Mariani à Pero-Casevecchie, (Corse) le 17 décembre.

1848 : Xavier Mariani, le père d’Ange-François en sa qualité d’apothicaire reconnue quitte son village de Pero-Casevecchie et s’installe à Bastia, boulevard du Palais, avec toute sa famille.

1863 : Ange-François observe son père dans la préparation des médicaments. Selon la tradition familiale, Ange-François Mariani qui est un autodidacte met seul au point la première boisson à la coca à Bastia.

1864 : Ange-François Mariani quitte son île natale avec sa recette en tête. Il s’installe à Bois-Colombes en région parisienne et exerce le métier de préparateur en pharmacie. Le soir de retour chez lui, il réalise de nombreuses créations pharmaceutiques à base de coca. Il étudie aussi les propriétés du quinquina.

1865 : À Paris, Angelo Mariani rencontre le célèbre docteur Charles Fauvel qui lui commande plusieurs breuvages avec de la coca. Mariani produit quelques échantillons de vin de coca. Il déménage rue Vaneau et travaille à la pharmacie Mondet au coin de la rue Bellechasse et de la rue du Faubourg St-Germain à Paris. Mariani constate alors qui n’est déjà plus le seul à produire en petite quantité ce liquide spécial dans la capitale. De nombreux vins à base de coca, en effet, sont en vente à l’image de ceux proposés par le docteur Chevrier. Les produits médicinaux de Mariani sont alors mis en parenthèses avec les débuts de la guerre Franco-prussienne (1870-1871).

1871 : Ange-François devient officiellement pharmacien de 1er rang et modifie son prénom en Angelo.

1875 : La réussite est au rendez-vous. Le vin Mariani inonde le monde. Mariani ouvre ses bureaux et un lieu de fabrication aux 10-12, rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine. À cela s’accompagnent de grands entrepôts et autres caves sous la responsabilité d’ouvriers et de contremaîtres, tous originaires de Corse et plus particulièrement de son village natal. Son entreprise est enregistrée sous l’appellation de marchand de produits pharmaceutiques. Il ouvre sa propre pharmacie au 41 boulevard Haussmann. Et c’est ainsi que pendant plus de 50 ans le vin Mariani va être une réussite commerciale mondiale.

1879 : Le pharmacien américain Pemberton crée la J.S Pemberton & Company à Atlanta (E.U).

1885 : Franck Robinson un publiciste avisé, croise la route de Pemberton. Ils décident de s’associer. Cependant la ville d’Atlanta interdit la vente d’alcool pour le 1er juillet 1886. Cet arrêté municipal oblige Pemberton et son compère à revoir toutes leurs préparations. Pendant ce temps le vin Mariani traverse l’Atlantique. Et conquiert l’Amérique (a). Sur place, il suscite des imitations. Le breuvage lancé par John Stith Pemberton ne peut d’ailleurs pas cacher ses origines : «Le vin français de coca, idéal pour les nerfs, tonique et stimulant ». Sa dénomination officielle étant : French Wine of coca, Ideal Tonic (b). Pour se différencier du produit français et éviter un hypothétique procès, Pemberton ajoute dans sa préparation une base issue de graines de kola. Il mélange du coup les multiples alcaloïdes de la coca avec ceux de la noix de kola. Persuadé de sa réussite, il déclare qu’il « produit une meilleure préparation à celle de Mariani». Et Pemberton ainsi libéré de ses inquiétudes continue ses recherches. Il fait disparaître le vin et apporte de nouveaux arômes, et de l’eau gazeuse.

1886 : Pemberton dépose la marque Coca-Cola et se retrouve l’unique propriétaire sans se soucier de ses anciens associés. La première publicité pour Coca-Cola paraît en mai, dans l’Atlanta Journal.

1907 : 10 millions de bouteilles de vin Mariani d’une contenance de 50 cl et pour un prix unitaire de 5 francs ont déjà vu le jour depuis 1872 dans les entrepôts de Neuilly-sur-Seine. Sans parler des premières séries produites à Bastia, et ce dès 1863.

1914 : Décès un premier avril d’Angelo Mariani dans sa villa Andréa à Valescure (St-Raphaël, Var). À cette date la production a atteint son zénith avec un total de 12 millions de bouteilles pour une période de quatre décennies.                                              A.D.

(a) Il y a l’épisode du Président Ulysses Grant qui dirige le pays de 1869 à 1877. Ce personnage décède en juillet 1885. Durant sa maladie, il utilise le vin Mariani, sur les conseils de son entourage. Il semble que le produit atténua ses souffrances et allongea un temps la vie de l’ancien dirigeant américain. Du coup, de nombreux Américains vont chercher à en savoir plus sur ce vin français, composé de feuilles de coca.

(b) Atlanta Evening Capitol, 2 janvier 1886.

Depuis en 2018.

   Il nous semble important en ce mois de février 2018 de préciser au moins trois points complémentaires concernant Juana Romani par l’intermédiaire d’Angelo Mariani. Comme en premier lieu sa maîtrise parfaite de la langue française via la lecture du document ci-dessous issu de l’ouvrage : Les peintres et la couleur publié en 1902 aux Éditions Lefranc et Compagnie à Paris.

Dr. Collection particulière.

   Dans ce livre apparaît aussi bien entendu Ferdinand Roybet. Même chose avec son impact international comme le souligne aux États-Unis son évocation dans le New York Times du 3 décembre 1905. Car en effet,  Juana Romani fut connue aux États-Unis en général et à New York en Particulier, suite à la publication en 1896 de l’ouvrage : Portraits from Album Mariani.

Format de poche (6 par 12 cm) à grand tirage. Dr. Collection privée.

Version américaine de l’Album Mariani n°2, 1896 et éditée à New York par les soins de Julius Jaros, beau-frère d’Angelo Mariani.

   Ou bien encore en Espagne avec la très renommée revue La Ilustracion Artistica du 9 mars 1903 et du 23 octobre 1916. Et que dire des exploitations publicitaires en France, avec des encartages dans plusieurs revues de forts tirages à l’image de La Grande dame dirigé par François Guillaume Dumas, le 1er février 1894 ou bien encore avec la Simple revue en juin 1896.

Revue La Grande Dame, février 1894.

   En outre, il s’avère qu’en ce début de XXIe siècle l’aventure de Juana Romani se poursuit. D’après plusieurs sources telle La Tribune de l’Art, du 22 janvier 2018, une exposition monographique centrée sur La petite Italienne est déjà prévue pour le début 2019 au musée Roybet-Fould à Courbevoie (92, Hauts-de-Seine). Organisée entre autres par Marion Lagrange, maîtresse de conférences en histoire de l’art contemporain à l’université de Bordeaux-Montaigne. Pour le plaisir, ajoutons enfin que Ferdinand Roybet fut le peintre attitré d’Angelo Mariani, sans parler de ces nombreuses participations dans l’iconographie publicitaire à la gloire du Vin Mariani à la coca. Comme en témoigne la vignette ci-dessous.

Dr. Collection particulière.

   Sans faire non plus l’impasse toujours à Courbevoie de l’Orphelinat des arts, institution subventionnée à l’époque en grande partie par Angelo Mariani et/ou Isabelle Chapusot sa compagne. Enfin, soyons certains que cette future présentation culturelle à Courbevoie aura sans aucun doute la présence de l’âme voyageuse et bienfaitrice de Juana Romani. Elle repose en effet à Suresnes dans une sépulture quelque peu abîmée par l’oubli et les affres du temps à moins de 6 kilomètres à vol d’oiseau de ce musée.

Dr.

Dr.

Dr.

   On allait oublier un dernier point en commun entre Juana Romani et Angelo Mariani. L’un comme l’autre n’ont toujours pas de rues, ni même de timbres-poste en France à leurs patronymes…Allez comprendre pourquoi ?                                             A.D

Notes :

(1) On peut émettre à ce stade de notre étude une hypothèse de travail. Est-ce que Juana Romani a eu la chance de visiter les deux serres de coca situées au 10-12 rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine, au vu de la qualité de la représentation graphique réalisée par ses soins de cette branche végétale ?

(2) Jean-Michel et Toussaint Alessandrini, L’histoire de la première boisson à la coca, Éditions Stamperia Sammarcelli, Biguglia, 2001.

(3) Il est important de préciser l’existence des travaux innovants de l’universitaire Sandrine Doré sur cette question à l’image d’une de ses publications intitulée : un artiste à la table d’Angelo Mariani, menus et publicités illustrés par Robida in la revue le Téléphonoscope, octobre 2007, n°14.

(4) Communication de Marion Lagrande, Maîtresse de conférences à l’Université Bordeaux-Montaigne, intitulée : Maîtresse de.. élève de… Juana Romani et les attaches artistiques de la parentèle, lors du colloque international du 23 et 24 septembre 2016, organisé à Poitiers.

(5) «La coca semble grandir toutes vos facultés, il est probable que si je l’eusse connue il y a vingt ans, la statue de la Liberté aurait atteint une centaine de mètres !» s’est un jour exclamé le sculpteur français Frédéric Auguste Bartholdi. Il s’en est fallu de peu que le phare de l’île de Bedloe (46 mètres) à New York ne fût construit par un adepte du vin Mariani.

(6) «Mariani Angelo (1838-1914) mécène de la publicité», par Fred Robida, Le Vieux Papier avril 1976.

(7) «Suite aux 14 albums Mariani», par Paul Vital-Durand, Le Vieux Papier juillet 1980.

(8) «Le vin Mariani» par Louis Cotinat, Le Vieux Papier, octobre 1976. Ces albums Mariani réunissent plus de mil signatures et portraits dans un ensemble de 14 ouvrages.

(9) Ces suppléments sont des fascicules gratuits de quatre, huit et parfois seize pages à la gloire du vin Mariani.

(10) Albert Robida reprend son célèbre dessin des albums Mariani pour une carte postale située dans la 4e série.

(11) Ces cartes postales au format (9×14) sont très recherchées par les collectionneurs avisés. Une série complète en 2012 se négociait aux alentours de 4 000 euros.

(12) Florence Poisson et Françoise Escoffier-Robida, La peinture comme l’aimaient nos grands-pères raconte l’histoire de l’orphelinat des Arts : [exposition] : Courbevoie, musée Roybet-Fould, 16 décembre 1967-31 janvier 1968, Éditions Les Presses Artistiques à Paris.

(13) J.-J.G, Le vin tonique Mariani repart à la conquête du monde, Corse-Matin, 2 janvier 2017. On peut consulter le site dédié à ce nouveau produit : vinmariani.fr

(14) Stéphane Reynaud, Le grand retour du vin Mariani, Le Figaro, 28 février 2017 et Ghjilormu Padovani, Le vin corse Mariani en passe de conquérir… la Bolivie, Corse-Matin, 14 mars 2017.

Ange-François Mariani dit Angelo Mariani (1838-1914) et un premier bilan de ce blog en ce début de mois de mars 2017.

citroen-suite-nl_0002

Angelo Mariani, agé de 40 ans et photographié par Nadar en 1878.

   En ce mois de mars 2017, cela fait exactement trois ans que nous avons mis à l’eau ce blog sur les vagues mondiales d’internet. Aujourd’hui nous décidons de passer sur un mode semestriel tout en restant une simple vigie, un phare sur l’actualité et l’histoire d’Ange-François Mariani.

   Et si l’on devait faire un premier bilan d’ensemble, on pourrait constater l’écriture de ces 34 textes dont voici la liste ci-dessous :

Pierre Charles Henri Fauvel (7 juin 1830 à Amiens-18 décembre 1895 à Paris) ou l’un des rares amis d’Angelo Mariani.

Publié le 28 février 2017

Simon Horace Alexandre ou le frère cadet d’Angelo, l’inconnu de la famille Mariani.

Publié le 29 janvier 2017

Samedi 17 décembre 2016 (1) ou Ajaccio cité impériale partant à la rencontre du Vin Mariani à la coca de Bolivie.

Publié le 28 décembre 2016

Angelo Mariani et les cartes postales.

Publié le 30 novembre 2016

Sophie Mariani née Sébastiani (1821-1904), maman d’Ange-François Mariani, l’inventeur de la première boisson à la coca dans le monde.

Publié le 31 octobre 2016

Une bouteille Mariani à la coca au Musée François Tillequin à Paris.

Publié le 29 septembre 2016

Jules Alexandre Grün et sa monumentale rencontre avec Angelo Mariani (II).

Publié le 30 août 2016

Jules Alexandre Grün et sa monumentale rencontre avec Angelo Mariani (I).

Publié le 30 juin 2016

Armand Silvestre un homme de caractère ami de toujours d’Angelo Mariani.

Publié le 31 mai 2016

Quand Angelo Mariani aide son ami l’artiste peintre Enrique Atalaya.

Publié le 26 avril 2016

La renaissance du Vin Tonique Mariani, avril 2016.

Publié le 29 mars 2016

Angelo Mariani et son vin à la coca à la rencontre de la Chine.

Publié le 28 février 2016

Quand la coca et la cocaïne ont rencontré le Vin et l’Élixir Mariani à 250 000 euros la bouteille.

Publié le 28 janvier 2016

Angelo Mariani et son ami le célèbre mime Corse d’Ajaccio Séverin Cafferra (1863-1930).

Publié le 29 décembre 2015

Roland Garros et Angelo Mariani.

Publié le 27 novembre 2015

La Villa Andréa de Valescure à Saint-Raphaël (Var), propriété d’Angelo Mariani.

Publié le 30 octobre 2015

Angelo Mariani et ses principaux concurrents à la fin du XIXe siècle.

Publié le 30 septembre 2015

Bastia et la Corse : hauts lieux de la conception de la première boisson à la coca inventée par Angelo Mariani et son père François Xavier.

Publié le 26 juillet 2015

Mariani (décembre 1838-avril 1914) et Mistral (sep 1830-mars 1914) ou quelques éléments peu connus sur leur longue relation amicale de 1890 à 1914.

Publié le 16 juin 2015

Quelques vues des Établissements Mariani à Neuilly-sur-Seine (France) au XIXe, XXe et XXIe siècle.

Publié le 30 avril 2015

Divers portraits d’Angelo Mariani le propagateur de la coca et quelques belles images issues de ses suppléments illustrés à la gloire de son célèbre breuvage.

Publié le 31 mars 2015

Mariani et la publicité : l’exemple des suppléments.

Publié le 1 er mars 2015

Mais qui était donc en réalité Angelo Mariani pour la famille d’Albert Robida ? (II) suite.

Publié le 2 février 2015

Angelo Mariani et la coca dans les pas d’Albert Robida (I).

Publié le 28 janvier 2015

Angelo Mariani et les Présidents de la IIIe République française.

Publié le 28 décembre 2014

Mariani et la publicité en France et dans le monde.

Publié le 28 novembre 2014

Louis Oscar Roty

Publié le 12 septembre 2014

Isabelle Chapusot

Publié le 10 août 2014

Xavier Paoli

Publié le 29 juin 2014

Présentation des principaux personnages amis d’Angelo Mariani présents lors de l’inauguration de la fontaine : la Siagnole en bronze réalisée par Théodore Rivière à Valescure (Saint-Raphaël) en février 1905.

Publié le 31 mai 2014

Une brève histoire de la Fontaine dite la Siagnole à Valescure commune de Saint-Raphaël (Var).

Publié le 21 avril 2014

Célébration du centenaire de la disparition d’Angelo Mariani.

Publié le 10 avril 2014

Test

Publié le 7 avril 2014

anggelo-mariani20143-jpeg

L’origine de cette photographie provient d’une revue intitulée : La Marmite républicaine en 1901. Ouvrage rare non mis dans le commerce, mais qui permet d’apprendre qu’Angelo Mariani était un républicain. Les auteurs de ce cliché sont de la maison Braun Clément et compagnie et édité par les frères Protats. Elle fut publiée aussi aux États-Unis dans l’ouvrage de MORTIMER, W. Golden, Peru : History of coca, New York, J.H. Vail, 1901.

Angelo Mariani et la lucarne d’internet.

   Au niveau des vues effectuées par les internautes de notre planète, cela se résume de la façon suivante : il y a eu un peu plus de 17 000 vues pour environ 8 000 visiteurs. Si l’on veut être plus précis, cela nous donne pour 2014 : 968 vues. 2015 : 4 347 vues. 2016 : 9 847 vues et pour 2017 : 1 917 vues. À cela s’ajoute le fait qu’à peu près 13 924 vues l’ont été de France. Soit un pourcentage de 80 % pour ce blog. À contrario les 20% restant correspondent au reste du monde avec une grande partie pour les États-Unis. Enfin si l’on veut affiner les choses, cela fait une moyenne quotidienne (sur 24 heures) de 7 visiteurs chaque jour ou plus ou moins 16 vues qui se sont intéressés à l’histoire et l’oeuvre d’Angelo Mariani. Cela restera notre principal motif de satisfaction avec le 23 février 2017 et ses 157 vues.

  p_20170225_195234

p_20170225_195357

   Profitons aussi de cette opportunité pour rappeler le fait que ce blog est né après la création, en Bretagne, de la lettre semestrielle de quatre pages éditée depuis 2004 par la Société des Amis d’Angelo Mariani. Et que nous en sommes en ce début de mars 2017 arrivés à son 22e numéro.

   Après les quelques notions positives (nous avons aussi aidé sur le seul aspect historique à la renaissance du Vin Mariani à la coca par Christophe Mariani en décembre 2016 à Ajaccio), passons maintenant aux points négatifs.

   Soyons honnêtes avec nous-mêmes, tout d’abord. Notre but premier était la dénomination d’une rue, d’une avenue, d’une ruelle, puis d’un square, d’un rond-point, d’un immeuble, d’un lieu dit, d’une salle de musée, d’un arbre à la mémoire d’Angelo Mariani. Mais le résultat fut sans appel : rien au final. Prenons alors un autre exemple d’un point de vue patrimonial. À Saint-Raphaël département du Var, tout a disparu ou presque, de la magnifique villa Andréa. Il ne reste plus rien de cette demeure qui reçut les plus grands de ce monde et qui fut pour partie à l’origine aujourd’hui de la marque mondiale la plus connue de la planète en ce XXIe siècle. Pas même une plaque d’information en cet endroit pour informer les touristes. Encore moins le nom d’une rue à son patronyme dans la commune. Ni d’ailleurs dans aucune ville ou village sur le continent européen, ni même en Corse son île adorée par-dessus tout.

villa-37

Le nec plus ultra en Corse, fut même dans nos rêves, une plaque bilingue tant en français qu’en langue corse avec des mots sobres comme : Strada Anghjulu Francescu Mariani (1838-1914).

   Pas de dénomination non plus, de parcs, d’écoles de musique et/ou de peintures, de théâtres à son nom. Ni de timbre à son effigie. Étonnant ? Alors pourquoi un tel oubli ? On est vraiment en droit de se poser cette légitime question. Oui pourquoi ce silence sur le vieux continent ? Aucune biographie concernant Angelo Mariani n’avait vu le jour jusqu’en 2001 avec L’Histoire de la première boisson à la coca par Jean-Michel et Toussaint Alessandrini, Editions Stamperia Sanmarcelli, Biguglia. Sans oublier un documentaire de télévision : Les caprices de Mariani, de Jean Luc Delmon-Casanova, France/couleur/52 minutes en 2008. Mais après tout qui sait, si un jour, cette injustice mémorielle sera enfin réparée. Car Angelo Mariani, fait partie, non seulement, de notre patrimoine hexagonal, mais aussi, et surtout celui de la Corse et de tous les hommes de bonne volonté. Mariani est, en outre, aux antipodes de l’individu sans passé. Sa vie mérite d’être relatée.

   C’est ainsi que nous avons souhaité par ce blog en 2014 permettre une plus grande connaissance de ce corse humaniste et ouvert aux autres vers l’extérieur. Et par là même de retracer son fabuleux destin pour l’humanité. Ou comment un homme ordinaire a-t-il pu vivre une histoire si extraordinaire. Il semble ensuite avoir été placé de manière plus certaine dans les oubliettes de l’histoire. Car qui se rappelle qu’au début de cette formidable histoire et donc celle de de grande maison américaine de boisson, c’est ce simple pharmacien corse qui a fait connaître au monde la feuille de coca1. Peut-être que ce modeste blog ouvrira de nouvelles voies afin que les futures générations puissent apprécier à sa juste valeur la trajectoire de cet humaniste, de ce mécène et amateur d’arts à vrai dire, bien peu banal.

mariani-new-york-times

The New York Times. Gravure de MORTIMER, W. Golden parue dans l’édition du 25 décembre 1898.

   En conclusion, on n’a pas su vraiment faire bouger « les lignes » sans mauvais jeux de mots parmi les diverses entités municipales contactées un peu partout en Europe lors de cette décennie écoulée. Même chose avec les pièces et autres billets de banque issus de monnaies locales et/ou solidaires. Là encore on n’a pas été bon au niveau du résultat. Chose identique avec l’idée d’un documentaire historique retraçant le parcours d’Angelo Mariani. On n’a pas su convaincre divers groupes télévisuels rencontrés pour ce projet. En fin de compte, assez peu d’objectifs ont été atteints. Pourquoi ? Difficile de répondre à cette interrogation. Si d’aventure par contre la donne était amenée à changer, ce blog se ferait un plaisir de vous l’annoncer en priorité, ainsi qu’à l’arrière-petite-fille d’Ange-François Mariani, une personne qui nous est chère, prénommée Marie-Ange.        A.D

  1.  Aujourd’hui ce noble combat politique pour la respectabilité de la feuille de coca à l’échelle internationale a été repris en ce XXIe siècle par M. Evo Morales Ayma, Président de l’État Plurinational de Bolivie, sans oublier son vice-ministre M. Felipe Caceres Garcia.

Angelo Mariani : Extrait du tableau de Jules Grün Un vendredi au salon des Artistes Français en 1911. Mariani est âgé de 73 ans.

Pour plus d’informations,  Cf, le livre suivant :

livreangelomariani1.jpeg   Angelo Mariani : L’inventeur de la première boisson à la coca. Éditions Anima Corsa, juin 2014, Bastia. 5 boulevard Hyacinthe de Montera : 04 95 48 68 86.