La boisson Mariani à la coca au vu de son succès n’est pas restée pas très longtemps seule sur le marché comme on peut l’imaginer.
Le produit :
L’image publicitaire Mariani par excellence :
En France, dès 1884 le vin de Coca fait son apparition dans le Codex. Bien qu’il existât déjà depuis fort longtemps. Dans l’officine de François Dorvault de 1880, on ne mentionne pas moins de 154 boissons médicinales à base de coca. Tout comme une multitude de produits pharmaceutiques.
Cependant le plus dangereux concurrent de Mariani durant cette période n’est autre que…Mariani. C’est un pharmacien marseillais homonyme prénommé Antoine Joseph qui a flairé la bonne affaire. Ce dernier va jusqu’à imiter en 1901 la signature d’Angelo Mariani dans ses publicités. Pour se défendre, notre Corse poursuit cet Antoine Mariani en justice à maintes reprises et finit par gagner contre ce plagiaire.
Ensuite, on dénombre trois autres concurrents français d’importance à savoir : Le Vin Bravais, le vin dit Coca des Incas et le Coca de J. Girond basé à Saint-Etienne.
Tout d’abord le Vin Bravais à la coca va durer sur le marché français de nombreuses décennies. Il voit le jour dès 1875 et aura une longue carrière jusque dans les années trente. Parfois les publicités pour le Vin Mariani et le Vin Bravais paraissent en même temps et dans le même support. La concurrence est donc rude.
Avec le vin dit Coca des Incas, son propriétaire Jean Baptiste Blanjot basé au 26 rue de Pontoise à Paris privilégie une toute autre stratégie par le biais de l’image en s’inspirant là encore des méthodes publicitaires d’Angelo Mariani.
Voyons enfin en province un certain J Girond dans le département de la Loire qui joue d’une manière astucieuse pour ses produits sur la typographie et la police d’écriture déjà assez connue de la célèbre marque américaine.
Ce Georges Meunier poursuit son éloge pour les vins à base de coca avec une belle création iconographique parue dans le tome XI des albums Mariani en 1908.
Au niveau européen :
L’Espagne est présente sur ce secteur. On s’y procure à Barcelone le Vino Amargos préparé par un pharmacien catalan passionné, Luis Amargos. Il se compose de quinine et de feuilles de coca du Pérou. D’ailleurs, cet élixir connaît un très grand succès dans toute la péninsule ibérique. En 1880, toujours en Espagne, mais cette fois-ci à Valence, une boisson répondant au nom de Tonica Kola est à son tour lancée. (Tout comme en France un peu plus tard avec un Toni Kola).
À quatre-vingts kilomètres plus au sud à Aielo de Malferit, trois amis Bautista Aparici, Ricardo Sanz et Enrique Ortiz mettent au point une liqueur à base de feuilles de coca qui reçoit un certain succès. L’Italie produit de son côté un Coca Buton élaboré à Bologne. Son inventeur, Giovanni Buton, en réalité un français du nom de Jean Bouton originaire de Charente fut en premier lieu un liquoriste attaché à la maison impériale de Napoléon. Après la chute de l’empereur, Jean Buton quitte la France. On le retrouve installé à Bologne en Italie dans la région d’Émilie Romagne en 1830. Il fonde avec Giacomo Rovinazzi une société dénommée : Coca Buton et compagnie. Dans la foulée, il italianise son patronyme en devenant : Giovanni Buton. En 1860, les deux associés lancent l’Élixir Coca Buton et le Vino coca Buton qui connaissent une consécration tant en Italie que dans le reste de l’Europe. À tel point que cette liqueur existe toujours.
Enfin, l’Angleterre ne rate pas non plus l’opportunité et présente sur son marché intérieur le Coca Wine d’Ambrecht, de la Nelson Company, située au 2 Duke Street, Grosvenor square à Londres. Pour cela une campagne publicitaire est mise en place à l’attention du personnel médical. Elle cible aussi le clergé anglican. Une bouteille est offerte contre un récépissé adressé au 2 Duke Street, si l’on prouve son activité. Toujours dans la capitale anglaise, les breuvages Hall’s Coca Wine et Marza Wine ne sont pas en reste. À Bolton et Wigan, autres cités anglaises, c’est la société Magge Marschall qui propose un vin à base de feuilles de coca. À Liverpool, on peut y boire un vin de coca de la marque Savar’s.
Au niveau mondial : La Bolivie et les États-Unis.
En Bolivie, les breuvages à base de coca ont été très certainement les premiers à avoir vu le jour sur notre planète.
Aux États-Unis, à New York le Maltine with Coca wine fait son entrée quelque temps plus tard. Il en va de même pour le Coca Wine de Caswell-Hazard et Compagnie vendu à Broadway. Ou bien encore le Wine of coca de Bullard et Shedd, élaboré à Keene dans le New Hampshire et censé lutter contre l’usage abusif de l’opium. Un autre Wine of coca est manufacturé par Thurber et Whyland. Même chose concernant le Metcalf’s coca wine créé par Théodore Metcalf à Boston dans le Massachusetts, dont le siège commercial se trouve au 39 Tremont Street à Boston. D’autres pharmaciens à l’image de John Wyeth et de ses frères se lancent dans l’aventure au début de XXe siècle à Philadelphie en Pennsylvanie. Ou bien encore Valentine H. Smith pour la même ville. Situation identique avec la famille Lloyd de Cincinnati dans l’Ohio et sa succursale au 219 Hudson Avenue, Albany dans l’État de New York. Bien entendu, on ne peut faire l’impasse sur le célèbre breuvage de Pemberton.
Au final, l’un est devenu la marque commerciale la plus connue dans le monde, l’autre animé par un Corse hors du commun n’a pas pour autant disparu de la mémoire collective universelle. Et qui sait…un jour ? A.D
Pour plus d’informations, Cf, les livres suivants :
Angelo Mariani : L’inventeur de la première boisson à la coca. Éditions Anima Corsa juin 2014 Bastia. 5 boulevard Hyacinthe de Montera. Christophe Canioni : 04 95 48 68 86. Et aussi sur le site Amazon.fr
Sans oublier : Cocaïne histoire mondiale d’une drogue aux Presses Universitaires de Corse, Éditions Anima Corsa, mars 2015 ou dans lequel un chapitre est consacré à Angelo Mariani.
P.S : Un grand merci à M. Jérémie Bardet de la Médiathèque de Chaumont, Les Silos, Maison du livre et de l’affiche en Haute-Marne.