Théodore Rivière (1857-1912) ou le sculpteur attitré d’Angelo Mariani (1838-1914).

Angelo Mariani de son vivant souhaitait posséder dans son appartement de la rue Scribe à Paris une représentation physique des personnes qu’il avait coopté dans son premier cercle. Pour cela, il demanda à Théodore Rivière de réaliser son souhait. Ainsi au fil du temps, ce dernier sculpta les dites personnes, afin de les proposer sous forme de statuettes en premier lieu à Angelo Mariani puis ensuite aux intéressés.

Dr :Théodore Louis Auguste Rivière (1857-1912). Portrait d’Angelo Mariani (1838-1914).

À ce jour, en 2024 ce sont plusieurs dizaines d’œuvres qui ont déjà identifiés (plâtre, marbre et bronze) réalisés entre 1890 et 1912. Voyons ainsi une liste partielle de la trentaine de statuettes de 35 cm.

Dr.
Dr.

Ces oeuvres représentaient, Théodore Rivière lui-même, en premier lieu

Dr : © Maryhill Museum of Art, Washington D.C

Théodore Louis Auguste Rivière
(1857-1912). Autre figurine d’Angelo Mariani (1838-1914).
. Plâtre. Paris, musée Carnavalet.

mais aussi Georges Caïn, Jules Cantini, Arthur Christian, Amilcare Cipriani, Jules Claretie, Jean-Louis Conneau dit André Beaumont, Pierre Delbet, Alfred-Amédée Dodds, Paul Doumer,

Théodore Louis Auguste Rivière
(1857-1912). Portrait de Paul Doumer (1857-1932).
. Plâtre. Paris, musée Carnavalet.

Dreyfus dit l’avocat en réalité Maître Fernand Labori, Jean-Henri Fabre, Charles Floquet, Loïe Fuller,

Théodore Louis Auguste Rivière
(1857-1912). Portrait de Loïe Fuller artiste américaine (1868-1928).
Plâtre. Paris, musée Carnavalet.

José Maria de Heredia, Dr Léon Labbé,

Théodore Louis Auguste Rivière
(1857-1912). Portrait du Docteur Léon Labbé (1832-1916). Plâtre. Paris, musée Carnavalet.

René Lalique, Pierre Louÿs, Antoine Lumière, Angelo Mariani, Mireille, Frédéric Mistral, Félix Nadar, Xavier Paoli,

Théodore Louis Auguste Rivière
(1857-1912). Portrait de Xavier Paoli (1833-1923),
cousin d’Angelo Mariani et chef de la police nationale. Plâtre, musée Carnavalet, ( Musée des Beaux-arts de la ville de Paris).

Louis Pasteur, Eugène Perrin, Théophile Poilpot, l’amiral Édouard Pottier, Georges-Antoine Rochegrosse, Alice Rivière, Oscar Roty,

Théodore Louis Auguste Rivière
(1857-1912). Portrait d’Oscar Roty (1846-1911), sculpteur. Bronze. Paris, musée Carnavalet.

Mme Oscar Roty, Jules-Charles Roux et Paul-Armand Silvestre que l’on peut observer pour la plupart de nos jours au musée Carnavet à Paris suite à un don dans les années trente de Jacques Mariani. Ce fils d’Angelo Mariani ne faisait qu’imiter son père qui avait déjà fait cadeau au Metropopolitan Museum de New York en 1902 de la même série de ces statuettes. Mais cette fois-là en bronze. Il existe un autre lieu où se trouvent plusieurs figurines produites par Théodore Rivière. Soit le Maryhill Museum of Art à Washington D.C aux E.U. Elles furent réunis par Alma de Bretteville Spreckels (en réalité Alma Charlotte Corday le Normand de Bretteville (1881-1968), passionnée aussi d’Auguste Rodin).

Dr : © Library of Congress.

Peut-être qu’un jour prochain ces quatre entités culturelles proposeront en commun une rétrospective temporaire internationale réunissant toutes leurs œuvres de Théodore Rivière pour le plaisir des amoureux des arts…

Pour aller plus loin : Colette Dumas, Monographie de Théodore Rivière (1857-1912), thèse de doctorat Histoire de l’art et archéologie sous la direction de Luce Barlangue, Montpellier, Université Paul Valéry, 1997 et Anne Pingeot, Antoinette Le Normand-Romain, Laure de Margerie, Musée d’Orsay, Catalogue sommaire illustré des sculptures, Paris, Réunion des musées nationaux, 1986. Sans oublier le fait qu’il existe un fonds Théodore Rivière au musée d’Orsay sous la forme d’un inventaire analytique détaillé établi en 2015 par Jacqueline Henry, chargée de mission et publié sous la direction de Nadège Horner, chargée d’études documentaires Musée d’Orsay.

N’oublions pas enfin que Théodore Rivière toujours pour le compte d’Angelo Mariani réalisa entre autre La Déesse de la coca,

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ou bien encore la magnifique Siagnole dite la Sirène ou Nymphe pour une fontaine et inaugurée le 27 février 1905 à Valescure, commune de Saint-Raphaël (Var). Soit, il y a exactement 119 ans. À ce titre cette cité varoise qu’il portait dans son coeur (tout comme Angelo Mariani) lui rendra bien. Avec une avenue portant son nom. Seuls Paris avec une place et Toulouse via une rue, honorerons l’illustre artiste de cette belle manière.

Dr.
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Quand Théodore Rivière, Oscar Roty et Angelo Mariani prenaient la pose lors de la mise en place de la Nymphe. A.D

Armand Silvestre un homme de caractère ami de toujours d’Angelo Mariani.

Armand Silvestre

Armand Silvestre. Juillet 1891, pré-série des Albums Mariani.

   Angelo Mariani en ce début de XXIe siècle est reconnu au niveau international comme étant, de manière bien involontaire, l’un des inspirateurs de la célèbre marque américaine : Coca-Cola. Qu’on en juge par ces quelques éléments iconographiques suivants :

French Wine Coca.

French Wine Coca.

Illustration issue du livre de Bénédicte Jourgeaud : Coca Cola une passion française. Edition du Cherche Midi

Illustration issue du très beau livre de Bénédicte Jourgeaud : Coca-Cola une passion française. Edition du Cherche Midi, 2010.

Quand Pemberton s'inspirait d'un vin de Bordeaux à la coca...

Quand Pemberton s’inspirait d’un vin de Bordeaux à la coca…

   Le breuvage lancé en 1885 par John Stith Pemberton ne peut d’ailleurs pas cacher ses origines : « Le vin français de coca, idéal pour les nerfs, tonique et stimulant ». Sa dénomination officielle étant : French Wine of coca, Ideal Tonic. Pour se différencier du produit français Mariani, Pemberton ajoute dans sa préparation une base issue de graines de kola. Il mélange du coup les multiples alcaloïdes de la coca avec ceux de la noix de kola. Persuadé de sa réussite, il déclare en mars 1885 qu’il « produit une meilleure préparation à celle de Mariani ».

Réclame du Vin Tonique Mariani.

Réclame du Vin Tonique Mariani.

   Qui plus est au fil des années ce produit est devenu la marque commerciale là plus connue dans le monde et l’un des symboles du capitalisme. Et surtout l’emblème de la liberté du way of life américain. À ces occasions, on occulte le plus souvent de façon bien rapide, le fait qu’Angelo Mariani fut aussi et peut-être avant tout un mécène désintéressé. Comme le montre le fait d’avoir ressortir du néant par exemple un grand et jeune poète Corse : Charles Timoléon Pasqualini (13 janvier 1840-15 août 1866). Pour cela, il décidera seul de faire imprimer ses poésies en 1901 en exigeant une préface de Jules Clarétie, académicien, dans un ouvrage intitulé : Choses du siècle Choses du cœur (1). Même chose avec l’écrivain Armand Silvestre (18 avril 1837-19 février 1901). Ce dernier fit partie du tout premier cercle des amis d’Angelo Mariani. En juillet 1891, il apparaît dans la toute première pré-série des albums Mariani. En 1896, leur collaboration se poursuit. Armand Silvestre écrit un conte pour Mariani, illustré par Robida.

Conte d'Amand Silvestre intittulé : La plante enchantée illustré par Robida 1896.

Conte d’Armand Silvestre intitulé : La plante enchantée illustré par Robida 1896.

   On les retrouve encore ensemble en 1897 dans l’atelier de Félix Nadar de la rue Nouailles à Marseille en compagnie du Docteur Louis Bourguignon et d’Antoine Lumière.

De gauche à droite, Félix Nadar, Armand Silvestre, Angelo Mariani, Antoine Lumière et Louis Bourguignon à Marseille en 1897.

De gauche à droite, Félix Nadar, Armand Silvestre, Angelo Mariani, Antoine Lumière et Louis Bourguignon à Marseille en 1897. Dr Collection du Musée du vieux-Marseille.

     Autre preuve de l’amitié d’Angelo Mariani envers Armand Silvestre. Il décide que ce dernier doit être présent dans son officine à Neuilly-sur-Seine. Au plafond, on remarque donc une toile d’Eugène Courboin intitulée : La déesse apportant la branche de coca à l’Europe. Armand Silvestre y est représenté. C’est sous la forme d’une allégorie à la coca que Mariani fait placer cette peinture au-dessus de son propre bureau (2).

Bureau, salon d'Angelo Mariani à Neuilly-sur-Seine.

Bureau et salon d’Angelo Mariani à Neuilly-sur-Seine.

     À ce jour, on ne sait pas ce qu’est devenue cette œuvre patrimoniale. Gageons malgré tout que de jeunes futurs historien(ne)s corses se pencheront sur cette belle histoire et trouverons enfin réponses à ces questions.

   Mieux Angelo Mariani va poursuivre et entretenir son amitié même après le décès de son ami. Il intervient financièrement pour réaliser un monument à sa gloire installé dans sa ville natale de Toulouse. En se basant sur la statuette de Rivière, un bronze à taille humaine est mis en place en 1904 aux jardins des plantes (3).

Armand Silvestre Jardin des plantes à Toulouse.

Armand Silvestre Jardin des plantes à Toulouse.

     On note la présence du respectable Catulle Mendès qui a fait le déplacement depuis la capitale.

Armand Silvestre Art Déco à Toulouse.

Armand Silvestre Art Déco à Toulouse.

     À Paris, en 1905, Angelo Mariani continue sa reconnaissance. Un autre groupe est monté afin de récolter de nouveaux fonds pour la création d’un buste là encore à la mémoire d’Armand Silvestre et établi par Antonin Mercié. C’est une colonne de marbre au bas de laquelle sont groupées des figures féminines.

Colonne en marbre avec buste d'Armand Silvestre à Paris.

Colonne en marbre avec buste d’Armand Silvestre installée au coeur de Paris.

    Le 26 avril 1906, l’État offre même 4000 francs pour le comité du monument afin de clôturer le projet. Le 31 octobre 1906, au Cours la Reine, c’est l’inauguration. La cérémonie a eu lieue sous la présidence de M. Henri Dujardin-Beaumetz Sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts. Jules Clarétie remet sous la recommandation d’Angelo Mariani le monument à la Ville de Paris par le biais de M. Paul-Henri Chautard, président du Conseil municipal et député de la Seine (4). Tout cela sous les yeux de Mariani et de la célèbre journaliste Séverine. Angelo Mariani légèrement en retrait observe avec délectation la situation. Il sait maintenant quoi qu’il arrive que son ami l’écrivain Armand Silvestre restera ainsi dans la mémoire collective européenne.                                          A.D.

Aujourd'hui la statue d'Armand Silvestre par Théodore Rivière n'existe plus.

Aujourd’hui la statue d’Armand Silvestre n’existe plus.

(1) Nous reviendrons sur cet épisode dans un prochain texte en nous basant notamment sur les écrits de l’écrivain Corse Hyacinthe Yvia-Croce.

(2) La nouvelle revue, tome 13, mai-juin 1914, Angelo Mariani par Georges Régnal.

(3) 1942 : fondu sous le régime de Vichy. Remplacé en 1947 par la Femme au paon de Falguière. Puis Joseph Andrau en 1948 réalise un buste en pierre taillé qui est ensuite placé dans le jardin Pierre Goudouli, place du président Wilson toujours à Toulouse.

(4) Cette oeuvre n’est plus présente à Paris. On ignore qu’elle a été sa destination suivante.

Pour plus d’informations,  Cf, le livre suivant :

livreangelomariani1.jpeg   Angelo Mariani : L’inventeur de la première boisson à la coca. Éditions Anima Corsa, juin 2014, Bastia. 5 boulevard Hyacinthe de Montera : 04 95 48 68 86.

Louis Oscar Roty

Louis Oscar Roty (11 juin 1876-23 mars 1911).

Portrait d'Oscar Roty paru dans l'Album Mariani Tome 1 (1894).

Portrait d’Oscar Roty paru dans l’Album Mariani Tome 1 (1894).

   Oscar Roty est né à Paris en 1876, de parents instituteurs et parfois peintres pour leurs loisirs. Après des études à l’École nationale supérieure des arts décoratifs, Roty se lance à corps perdu dans la gravure. Il remporte le grand prix de Rome en 1875. Angelo Mariani de son côté a remarqué l’exceptionnel talent de cette personne. A Paris, ils deviennent amis. Ainsi, Roty rentre dans le premier cercle d’Angelo Mariani. Ce dernier en 1891 le fait apparaît dans sa première série des Albums Mariani. En outre, Roty travaille déjà pour Angelo Mariani. De nombreux éléments à la gloire du vin Mariani sortiront de son atelier comme des briquets, pièce de monnaie, etc.

Buste de Mariani portant un chapeau à gauche, devant la légende : Angelo Mariani derrière une bouteille dans une branche de coca sur laquelle est écrite en trois lignes la légende : COCA/ MARIANI / PARIS avec en-dessous ROTY.    Revers : O NYMPHE. LE VIN. MARIANI. VA. LE. SAUVER. MAIS. PREND. GARDE. A. TON. COEUR. Description revers : Une femme dénudée assise dans un décor sylvestre versant d'une bouteille une coupe de liqueur à un enfant ailé qui défaille dans ses bras ; en-dessous O. ROTY.

Buste de Mariani portant un chapeau à gauche, devant la légende : Angelo Mariani derrière une bouteille dans une branche de coca sur laquelle est écrite en trois lignes la légende : COCA/ MARIANI / PARIS avec en-dessous ROTY.
Revers : O NYMPHE. LE VIN. MARIANI. VA. LE. SAUVER. MAIS. PREND. GARDE. A. TON. COEUR. Description revers : Une femme dénudée assise dans un décor sylvestre versant d’une bouteille une coupe de liqueur à un enfant ailé qui défaille dans ses bras ; en-dessous O. ROTY.

   A cela s’ajoute le fait qu’Angelo Mariani l’aide pour la création de la Fraternité artistique à Courbevoie (œuvre jumelle de l’Orphelinat des arts, pour les garçons) fondée en 1893 par Oscar Roty (Président de 1893 à 1911). La Fraternité artistique regroupe, au meilleur de son existence, près d’une centaine de jeunes filles.

   Théophile Poilpot en sera le Président de 1911 à 1915 et Angelo Mariani, le Vice-président de 1911 à 1914, en hommage à Roty. Mieux, le 24 mars 1911, selon le journal Le Figaro, Angelo Mariani offre au musée Carnavalet, sa collection personnelle et complète des œuvres de son ami Oscar Roty.

   Oscar Roty, de nos jours, est toujours reconnu comme l’artiste graveur de la fameuse Semeuse. On la retrouve encore sur les pièces en Euro. Roty est ainsi sorti de l’hexagone pour rejoindre l’Europe monétaire. Sans parler que les artistes du XXIe comme Boris Séméniako n’hésitent pas à utiliser et à s’inspirer de cette dernière.

Le Monde, du samedi 6 septembre 2014, page culture et idées.

Le Monde, du samedi 6 septembre 2014, page culture et idées.

Olivier, laurier ou coca à Valescure ?

   En octobre 1909, Le Figaro publie dans la rubrique : LA VIE HORS PARIS avec comme sous-titre : Dans le bleu, un instantané de la vie à Valescure ou se côtoient régulièrement Roty et Mariani.

«  Entre les deux azurs du ciel et de la Méditerranée, les saisons rivalisent de beauté ;
chacune remplace la précédente avec un charme renouvelé. Sauf durant quelques rapides orages, la constance du soleil encourage la vie de plein air. Bien que la végétation africaine s’y soit acclimatée, l’août lui-même n’y a pas d’ardeurs brûlantes, entre l’Estérel et les Maures, sous le coup d’éventail perpétuel de la brise. Et maintenant, tandis que la récolte du muscat et des figues s’accomplit, les violettes bourgeonnent bientôt les roses traîneront jusque dans la poussière des routes.

A l’ombre fraîche des pins d’Alep et des parasols d’Italie, toute une colonie s’est fondée, il y a environ un quart de siècle, près de Saint Raphaël, groupement très parisien, resté fidèle à Valescure Oasis souriant à l’idéal des rêves que chantèrent Rochard, Armand Silvestre et bien d’autres.

Augustine Brohan avait été du nombre des premiers acheteurs de terrain, avec Carvalho, qui utilisa de nombreux débris des Tuileries et de l’Hôtel de Ville incendiés par la Commune, pour construire son habitation. Le docteur Léon Labbé, sénateur; Mme Bouloumié, femme du médecin de Vittel, aux «Messagés » (Les Cysthes), M. O. Roty dans l’ex-villa Reichemberg, le docteur Lutaud, aux « Mimosas», M. et Mme Kuhn, aux «Sphinx» M. Rommel à «l’Île Verte», Théodore Rivière, à la «Maisonnette Alice», sont des passionnés de ce joli coin provençal. « Lou castélou» à lord Amherst domine de sa tour, magnifiquement, tout le pays. Il s’est inspiré, pour la concevoir, du style des Templiers. C’est peut-être là que sa fille, lady Amherst, a décidé de traduire en anglais les Souvenirs de M. Xavier Paoli sur la Reine Victoria et c’est aussi dans le parc de ce domaine que Roty cueillit la branche de laurier dont il s’est servi pour composer le revers de sa « Semeuse». Une pièce de deux francs entourée d’une inscription est encastrée dans l’écorce de l’arbre, qui désormais aura sa petite histoire dans la grande Histoire numismatique.

L’idée de perpétuer ce gracieux souvenir appartient à M. A. Mariani, dont la villa
Andréa est un peu le cœur de Valescure. Très blanche, au milieu d’un jardin adorable, duquel par une coquetterie assez élégante, la coca fut bannie, ornée d’un nombre infini d’objets d’art, cette accueillante maison a vu défiler bien des célébrités contemporaines. C’est à qu’on brisa la tirelire d’une cagnotte, dont le produit servit à édifier la fontaine sculptée par Théodore Rivière la Nymphe de la Siagnole orgueil de l’endroit. Les joueurs qui firent les fonds en une amusante collaboration se nommaient Mmes Bouloumié et Isabelle Chapusot, MM. Kuhn, Léon Labbé, Lutaud, A. Mariani, X. Paoli, l’architecte Poussin, Antoine Lumière et 0. Roty.

Toute la côte, du reste, est une adorable villégiature d’été. Elle s’anime encore plus en automne, par le retour des familles de nos officiers de l’escadre. On regrette, cette année, le commandant Bonaparte-Wyse que la mort n’a pu arracher à sa magnifique propriété «Isthmia». Conformément à ses vœux, Mme Dupetit-Thouars y garde son cercueil.

La générale Zédé possède «Castebrune»; et M. Petin-Gadet, la «Germaine», deux des merveilles de la baie de Méjan. Le peintre Dauphin, dans son «Paradis»; Henry Kistemaeckers à la «Clapière»; Jean Aicard à la «Garde», représente l’élément artistique et littéraire, avec Mme S. Poirson qui écrit d’une façon supérieure sur la contrée. On sait que la terrasse de sa «Loggia» a fourni à la Comédie-Française le décor de Smilis. En rayonnant un peu, on découvre la splendide terre du vicomte de Saporta, à Solliés, puis la «Beaucaire» à M. Faucher-Chastenet qui vient d’y faire ériger une chapelle privée, l’ «Île d’Or» au docteur Lutaud, «roi après Dieu» de son rocher, en face de Dramand; le «mas » de Théodore Rivière, déjà nommé, à Pamparigouste (!); «Lysis» à Maurice Donnay, dans la baie d’Aguay Bertnay, le romancier populaire, prés de Brieux, à Anthéor Carolus Duran à Saint-Aigulph, et tous ceux qui, pareils à l’auteur de la Robe rouge, sont venus ici «pour être seuls et se sont si bien cachés que je ne lés ai pas dénichés».  Parisette, dimanche, 3 Octobre 1909.

Première série Album Mariani (juillet 1891).

Première série Album Mariani (juillet 1891).

   En juin 1914, Georges Régnal de la Nouvelle Revue reprend l’idée avec plus de précisions : « Dans les bois de Valescure, il existe un olivier, caché, ignoré, marqué d’une plaque gravée, portant à peu près ces mots: «C’est sur cet arbre que fut cueillie la branche dont Oscar Roty s’est servi pour créer le modèle de La Semeuse« .

Album Mariani Tome 9 (1904).

Album Mariani Tome 9 (1904).

Roty toujours d’actualité.

   C’est par un article du Figaro en date du samedi 12 février 2005, intitulé : Les derniers jours de la semeuse, que l’on apprend que Roty va disparaître du paysage monétaire.

   « Créée en 1886 par Oscar Roty pour une médaille du ministère de l’Agriculture, la semeuse est à l’origine une allégorie champêtre évoquant la France agricole du début du XIXe siècle. Coiffée d’un bonnet phrygien, elle est vite devenue une Marianne. Elle marche vers l’avant et sème les graines d’un futur optimiste. Ces graines illustrent aussi le rayonnement culturel et économique de l’Hexagone. C’est par la monnaie que la semeuse accède au rang de vedette. En 1898 et jusqu’en 1920, elle orne les pièces en argent de 50 centimes, de 1 et 2 francs. Le 1er janvier 1960, elle participe à l’introduction du nouveau franc, le nickel remplace alors l’argent. Liftée à plusieurs reprises, elle figurait encore en 2002 sur sept des neuf pièces en circulation. Déjà chassée par l’euro, la semeuse disparaît aujourd’hui pour de bon ». En réalité, Roty et sa semeuse ne vont pas connaître ce sinistre destin. Ils sont toujours bien présents aux fonds de nos poches en cette année 2014.

Pièce de monnaie en Euro de 20 centimes avec la Semeuse.

Pièce de monnaie en Euro de 20 centimes avec la Semeuse.

Quand Angelo Mariani commande à Théodore Rivière (1857–1912), la réalisation en bronze d’une statuette de 35 cm de hauteur représentant Oscar Roty en 1900.

   Plusieurs exemplaires sont ainsi réalisés dans l’atelier A. Bingen et Costenoble à Paris. Combien ? À ce jour, on ne sait pas répondre à cette question. On a par contre l’information qu’il en existe une Métropolitan Museum de New York dû au don d’Angelo Mariani en 1902. Une autre au musée Rodin et enfin celle qui vient d’être vendue à Paris en mai 2014.

Oscar Roty par Théodore Rivière.

Oscar Roty par Théodore Rivière.

 

Pour plus d’informations, cf le livre suivant :

Angelo Mariani L'inventeur de la première boisson à la coca. Editions Anima Corsa juin 2014 Bastia.

Angelo Mariani : L’inventeur de la première boisson à la coca

Editions Anima Corsa juin 2014 Bastia.

5 boulevard Hyacinthe de Montera.

Christophe Canioni : 04 95 31 37 02.

Et aussi sur le site Amazon.