Armand Silvestre un homme de caractère ami de toujours d’Angelo Mariani.

Armand Silvestre

Armand Silvestre. Juillet 1891, pré-série des Albums Mariani.

   Angelo Mariani en ce début de XXIe siècle est reconnu au niveau international comme étant, de manière bien involontaire, l’un des inspirateurs de la célèbre marque américaine : Coca-Cola. Qu’on en juge par ces quelques éléments iconographiques suivants :

French Wine Coca.

French Wine Coca.

Illustration issue du livre de Bénédicte Jourgeaud : Coca Cola une passion française. Edition du Cherche Midi

Illustration issue du très beau livre de Bénédicte Jourgeaud : Coca-Cola une passion française. Edition du Cherche Midi, 2010.

Quand Pemberton s'inspirait d'un vin de Bordeaux à la coca...

Quand Pemberton s’inspirait d’un vin de Bordeaux à la coca…

   Le breuvage lancé en 1885 par John Stith Pemberton ne peut d’ailleurs pas cacher ses origines : « Le vin français de coca, idéal pour les nerfs, tonique et stimulant ». Sa dénomination officielle étant : French Wine of coca, Ideal Tonic. Pour se différencier du produit français Mariani, Pemberton ajoute dans sa préparation une base issue de graines de kola. Il mélange du coup les multiples alcaloïdes de la coca avec ceux de la noix de kola. Persuadé de sa réussite, il déclare en mars 1885 qu’il « produit une meilleure préparation à celle de Mariani ».

Réclame du Vin Tonique Mariani.

Réclame du Vin Tonique Mariani.

   Qui plus est au fil des années ce produit est devenu la marque commerciale là plus connue dans le monde et l’un des symboles du capitalisme. Et surtout l’emblème de la liberté du way of life américain. À ces occasions, on occulte le plus souvent de façon bien rapide, le fait qu’Angelo Mariani fut aussi et peut-être avant tout un mécène désintéressé. Comme le montre le fait d’avoir ressortir du néant par exemple un grand et jeune poète Corse : Charles Timoléon Pasqualini (13 janvier 1840-15 août 1866). Pour cela, il décidera seul de faire imprimer ses poésies en 1901 en exigeant une préface de Jules Clarétie, académicien, dans un ouvrage intitulé : Choses du siècle Choses du cœur (1). Même chose avec l’écrivain Armand Silvestre (18 avril 1837-19 février 1901). Ce dernier fit partie du tout premier cercle des amis d’Angelo Mariani. En juillet 1891, il apparaît dans la toute première pré-série des albums Mariani. En 1896, leur collaboration se poursuit. Armand Silvestre écrit un conte pour Mariani, illustré par Robida.

Conte d'Amand Silvestre intittulé : La plante enchantée illustré par Robida 1896.

Conte d’Armand Silvestre intitulé : La plante enchantée illustré par Robida 1896.

   On les retrouve encore ensemble en 1897 dans l’atelier de Félix Nadar de la rue Nouailles à Marseille en compagnie du Docteur Louis Bourguignon et d’Antoine Lumière.

De gauche à droite, Félix Nadar, Armand Silvestre, Angelo Mariani, Antoine Lumière et Louis Bourguignon à Marseille en 1897.

De gauche à droite, Félix Nadar, Armand Silvestre, Angelo Mariani, Antoine Lumière et Louis Bourguignon à Marseille en 1897. Dr Collection du Musée du vieux-Marseille.

     Autre preuve de l’amitié d’Angelo Mariani envers Armand Silvestre. Il décide que ce dernier doit être présent dans son officine à Neuilly-sur-Seine. Au plafond, on remarque donc une toile d’Eugène Courboin intitulée : La déesse apportant la branche de coca à l’Europe. Armand Silvestre y est représenté. C’est sous la forme d’une allégorie à la coca que Mariani fait placer cette peinture au-dessus de son propre bureau (2).

Bureau, salon d'Angelo Mariani à Neuilly-sur-Seine.

Bureau et salon d’Angelo Mariani à Neuilly-sur-Seine.

     À ce jour, on ne sait pas ce qu’est devenue cette œuvre patrimoniale. Gageons malgré tout que de jeunes futurs historien(ne)s corses se pencheront sur cette belle histoire et trouverons enfin réponses à ces questions.

   Mieux Angelo Mariani va poursuivre et entretenir son amitié même après le décès de son ami. Il intervient financièrement pour réaliser un monument à sa gloire installé dans sa ville natale de Toulouse. En se basant sur la statuette de Rivière, un bronze à taille humaine est mis en place en 1904 aux jardins des plantes (3).

Armand Silvestre Jardin des plantes à Toulouse.

Armand Silvestre Jardin des plantes à Toulouse.

     On note la présence du respectable Catulle Mendès qui a fait le déplacement depuis la capitale.

Armand Silvestre Art Déco à Toulouse.

Armand Silvestre Art Déco à Toulouse.

     À Paris, en 1905, Angelo Mariani continue sa reconnaissance. Un autre groupe est monté afin de récolter de nouveaux fonds pour la création d’un buste là encore à la mémoire d’Armand Silvestre et établi par Antonin Mercié. C’est une colonne de marbre au bas de laquelle sont groupées des figures féminines.

Colonne en marbre avec buste d'Armand Silvestre à Paris.

Colonne en marbre avec buste d’Armand Silvestre installée au coeur de Paris.

    Le 26 avril 1906, l’État offre même 4000 francs pour le comité du monument afin de clôturer le projet. Le 31 octobre 1906, au Cours la Reine, c’est l’inauguration. La cérémonie a eu lieue sous la présidence de M. Henri Dujardin-Beaumetz Sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts. Jules Clarétie remet sous la recommandation d’Angelo Mariani le monument à la Ville de Paris par le biais de M. Paul-Henri Chautard, président du Conseil municipal et député de la Seine (4). Tout cela sous les yeux de Mariani et de la célèbre journaliste Séverine. Angelo Mariani légèrement en retrait observe avec délectation la situation. Il sait maintenant quoi qu’il arrive que son ami l’écrivain Armand Silvestre restera ainsi dans la mémoire collective européenne.                                          A.D.

Aujourd'hui la statue d'Armand Silvestre par Théodore Rivière n'existe plus.

Aujourd’hui la statue d’Armand Silvestre n’existe plus.

(1) Nous reviendrons sur cet épisode dans un prochain texte en nous basant notamment sur les écrits de l’écrivain Corse Hyacinthe Yvia-Croce.

(2) La nouvelle revue, tome 13, mai-juin 1914, Angelo Mariani par Georges Régnal.

(3) 1942 : fondu sous le régime de Vichy. Remplacé en 1947 par la Femme au paon de Falguière. Puis Joseph Andrau en 1948 réalise un buste en pierre taillé qui est ensuite placé dans le jardin Pierre Goudouli, place du président Wilson toujours à Toulouse.

(4) Cette oeuvre n’est plus présente à Paris. On ignore qu’elle a été sa destination suivante.

Pour plus d’informations,  Cf, le livre suivant :

livreangelomariani1.jpeg   Angelo Mariani : L’inventeur de la première boisson à la coca. Éditions Anima Corsa, juin 2014, Bastia. 5 boulevard Hyacinthe de Montera : 04 95 48 68 86.

Quelques vues des Établissements Mariani à Neuilly-sur-Seine (France) au XIXe, XXe et XXIe siècle.

   Les établissements Mariani à Neuilly-sur-Seine au 10-12 rue de Chartres voient le jour vers 1875. Angelo Mariani achète une grande demeure à la famille de la future et célèbre journaliste libertaire et féministe Séverine (1). Il transforme les lieux afin d’installer un immense entrepôt et un lieu de fabrication de son produit à deux pas de Paris aux côtés de son hôtel particulier. En réalité, cette propriété est basée aussi en partie sur Paris au regard du cadastre. En effet la limite communale entre Neuilly-sur-Seine et Paris passe au beau milieu de la propriété. Autre particularité, Angelo Mariani n’est pas loin de l’ancienne mairie de Neuilly-sur-Seine, place Parmentier qui sera par la suite transformée en Maison de justice de Paix. Aujourd’hui en ce lieu se trouve la maison des Jeunes et de la Culture de la ville. Dernier point au 4 et 6 de la même rue verra naître le célèbre garage Outhenin-Chalandre. Cette usine étant spécialisée dans la production des très belles voitures de la marque De Dion-Bouton.

Publicité du garage automobile Outhelin-Chalandre.

Publicité du garage automobile Outhelin-Chalandre.

À l’extérieur des établissements Mariani, voici quelques vues de l’époque.

Devant les établissements Mariani à Neuilly selon la revue la Science française de juin 1898.

Devant les établissements Mariani à Neuilly-sur-Seine selon la revue La Science française de juin 1898.

Une vue oblique représentant les établissements Mariani issue d'un article en langue anglaise  intitulé : Vin Mariani du professeur William H Helfand daté de 1979.

Une vue oblique représentant les établissements Mariani issue d’un article en langue anglaise intitulé : Vin Mariani du professeur William H Helfand daté de 1979.

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Vue dans les années 10 de la rue de Chartres. À droite après le garage Outhenin se trouve les Établissements Mariani.

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Vue dans les années 30 sur la rue de Chartres à partir de la place Parmentier. Sur la gauche, on distingue la présence des établissements Mariani.

Extrait agrandit de l'image précédente.

Extrait agrandi de l’image précédente.

Prolongement de la rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine.

Prolongement de la rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine.

Entrons maintenant au 10-12 rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine chez Angelo Mariani.

À l’intérieur des établissements Mariani.

Bureau d'Angelo Mariani au 10 rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine.

Au centre de l’image, Angelo Mariani travaille dans son bureau au décor composé uniquement de feuilles de coca.

Bureau d’Angelo Mariani au 10 rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine.

En arrière-fond du bureau, on peut distinguer l’entrée d’une des serres botaniques dédiées à la culture de la coca.

Le bureau et les serres.

Le bureau et les serres.

Angelo Mariani inspectant le nettoyage des bouteilles avant l'introduction du vin à base de coca du Pérou.

Angelo Mariani au centre de l’image inspectant le nettoyage des bouteilles avant l’introduction du vin à base de coca du Pérou.

Modernité de l'embouteillage avec rails pour tramways et fûts de chênes.

Modernité de l’embouteillage avec rails pour tramways et fûts de chêne sans oublier l’utilisation de l’électricité.

Les ouvriers en action pour envelopper les bouteilles Vin  Mariani à la feuille de coca.

Les ouvriers (tous Corses) en action pour envelopper les bouteilles Vin Mariani à la feuille de coca.

Angelo Mariani vérifiant en personne (à gauche de l'image) les dosages pour son produit.

Angelo Mariani vérifiant en personne (à gauche de l’image) les dosages pour son produit.

Sous les entrepôts, l'immense cave des vins Mariani.

Sous les entrepôts, l’immense cave des vins Mariani.

Aujourd’hui tout cela a disparu de nos jours au profit d’un immeuble d’habitation.

Extrait d'une vue aérienne verticale en date des années 2010 notamment de la rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine.

Extrait d’une vue aérienne verticale en date des années 2010 notamment de la rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine.

(1) Séverine (27/4/1855-24/4/1929) par son combat féministe et progressiste utilise le journalisme afin de faire progresser ses idées. Elle signera d’ailleurs un magnifique article nécrologique le 14 avril 1914 en hommage à Angelo Mariani dans le journal Gil Blas.    A.D

Séverine une amie d'Angelo Mariani.

Séverine une amie d’Angelo Mariani.

Pour plus d’informations,  Cf, les livres suivants :

livreangelomariani1.jpeg   Angelo Mariani : L’inventeur de la première boisson à la coca. Éditions Anima Corsa juin 2014 Bastia. 5 boulevard Hyacinthe de Montera. Christophe Canioni : 04 95 31 37 02. Et aussi sur le site Amazon.fr

Sans oublier : Cocaïne histoire mondiale d’une drogue aux Presses Universitaires de Corse, Éditions Anima Corsa, mars 2015. ou dans lequel un chapitre est consacré à Angelo Mariani.

Cocaïne histoire mondiale d'une drogue aux Presses Universitaires de Corse, Éditions Anima Corsa, mars 2015.

Cocaïne histoire mondiale d’une drogue aux Presses Universitaires de Corse, Éditions Anima Corsa, mars 2015.