Roland Garros et Angelo Mariani.

   Angelo Mariani, on le sait, a beaucoup impacté d’un point de vue patrimonial les communes de Saint Raphaël et Fréjus dans le Var.

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   Il est notamment l’initiateur discret d’une stèle commémorative pour le célèbre aviateur patriote Roland Garros en hommage à la première traversée réussie vers la Tunisie en Afrique, le mardi 23 septembre 1913. (Près de 800 kilomètres notamment en passant sur la partie occidentale de la Corse, au large d’Ajaccio) (1). Mariani est conscient que d’un point de vue politique, on vient d’assister à la première liaison intercontinentale de l’histoire, en matière d’aviation.

Roland Garros

Roland Garros. Source : Journal  L’Illustration n° 3683 du 27 septembre 1913 p 227.

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Dr : BNF.

Dr : Collection privée de M. Michel Roudillaud.

Dr : Collection privée de M. Michel Roudillaud.

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Roland Garros. Source : Journal L’Illustration n° 3684 du 4 octobre 1913 p 262.

   En effet au lendemain de ce vol historique, Angelo Mariani, qui est surtout un inconditionnel et ami de nombreux pionnier(e)s de l’aviation (En premier lieu, Alberto Santos Dumont dès 1901, Jules Védrines, Maurice Tabuteau qui fut détenteur de la durée de déplacement d’un avion en 1910, Louis Blériot qui a franchi la Manche le 25 juillet 1909, André Beaumont pseudonyme de Jean Louis Conneau membre de sa famille, Marcel Brindejonc des Moulinais, Jeanne Herveux, la baronne Raymonde de la Roche en réalité Élise Deroche, première aviatrice brevetée au monde, Maurice Farman, Louis Paulhan, Paul Tissandier, Géo Chavez et Alfred Leblanc) décide comme à son habitude (c.f la fontaine de la Sagniole à Saint-Raphaël en février 1905, le monument à la gloire du poète Armand Silvestre placé sur le Cours-la-Reine en octobre 1906 à Paris, sans oublier la statue de Frédéric Mistral à Arles en mai 1909, entre autres exemples) d’ériger un monument sur le lieu de départ de cette magnifique aventure.

Alberto Santos Dumont, Album Mariani, Tome VII.

Alberto Santos Dumont, Album Mariani, Tome VII (1902).

Louis Blériot

Louis Blériot, Album Mariani, tome XII (1910).

La baronne de la Roche.

La baronne Raymonde de La Roche. Supplément illustré, 16e série, Décembre 1911, Album Mariani.

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CPA publicitaire issue des Albums Mariani.

   En réalité, le lieu retenu sera devant l’entrée du premier aérodrome naval de France. Pour cela, il lance sans état d’âme une souscription publique et sera d’entrée l’un des plus généreux donateurs. Du début à la fin. Parmi les premiers souscripteurs, on trouve Xavier Paoli son cousin, Léon Schuster, Rolland Calvet, Georges Berget, Silvy, Ducret, Grandclément, N. Henesy, L. Brunot, le peintre Carolus Duran, Henri Falguette, Peguet et Pascal. Angelo Mariani a, en outre, déjà décidé du lieu où sera installée l’œuvre consacrée à cet aviateur hors du commun. Soit à Fréjus, à l’endroit même selon les souhaits de Mariani où Roland Garros s’est envolé. Il décide, de plus, que ce soit son ami l’académicien et poète Jean Aicard qui fasse l’éloge de l’aviateur et de son exploit le jour de l’inauguration. Pour cela, il crée un comité sobrement intitulé : Roland Garros.

   Pour être certain du résultat, il sollicite un proche, le sculpteur et graveur Louis Patriarche natif de Bastia, afin de produire un bronze encastré dans une roche de la région (méthode d’ailleurs identique à sa villa Andréa) comprenant quelques vers du poète Jean Aicard. Ce qui fut fait. On peut de nos jours encore observer le dessin préparatoire exécuté par Patriarche sous la forme d’un cliché photographique établi par un autre ami Corse d’Angelo Mariani, le photographe François Vizzavona. Ce magnifique document se trouve à Paris dans les archives de l’agence photo RMN-Grand Palais, fond Druet-Vizzavona. On n’oublie pas d’ajouter un buste réalisé par Étienne Forestier.

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L’Aérophile, 1er décembre 1925, p 354.

   Le 19 avril 1914 en présence d’une foule imposante et de nombreux officiels, le maire de Saint-Raphaël Léon Basso offre symboliquement le monument à la ville de Fréjus et à son premier mandataire. Sous les airs musicaux bons enfants d’une fanfare militaire, le voile est enlevé par la marraine du mausolée, la grande duchesse de Mecklenbourg-Schverin. Lors de cette belle journée ensoleillée, il manque cependant une personne pour que la fête soit complète. Ce n’est pas Roland Garros, qui arrive avec son amie Marcelle George, en plein milieu de la cérémonie. C’est Angelo Mariani lui-même. Ce dernier a une bonne excuse. Il vient de passer sur l’autre rive moins de trois semaines plus tôt à Valescure…

L'inauguration. Dr BNF.

L’inauguration. Dr BNF.

Jean Aicard prononçant l'éloge de Roland Garros à travers son exploit aéronautique.

Jean Aicard prononçant l’éloge de Roland Garros à travers son exploit aéronautique. Dr BNF.

Carte postale avec le monument Roland Garros.

Carte postale avec le monument Roland Garros en premier plan et derrière les baraquements de la base aéronavale.

En arrière plan de la stèle en hommage à Roland Garros, on remarque l'actuel boulevard de la Mer, commune de Fréjus.

En arrière plan de la stèle en hommage à Roland Garros, on remarque l’actuel boulevard de la Mer, commune de Fréjus.

  Le dimanche 24 septembre 1922, la municipalité de Fréjus selon la presse de l’époque « fête dignement le 9e anniversaire avec un monument magnifiquement décoré ». En 1933, pour la vingtième commémoration, le groupement de l’aéro-club de France fit placer une palme de bronze au pied de la stèle portant l’inscription :  « A Roland Garros » en présence notamment des maires de Fréjus M. Fabre et de Saint-Raphaël, M. Bruère.

Une stèle historique à Fréjus au parcours pour le moins étonnant.

   Ce monument décidé par Angelo Mariani à la gloire de Roland Garros va ensuite connaître bien des vicissitudes. Notamment des déplacements, des composants « volatilisés » et des « modifications » en tout genre. Arrêtons-nous un instant sur cet objet culturel. Il se compose alors pour l’essentiel de cinq éléments.

Croquis de la stèle dans les années trente.

Croquis de la stèle dans les années trente.

   À son sommet, le buste de Roland Garros produit par Étienne Forestier. Ensuite le bronze de Patriarche. Ce dernier est placé sur un bloc d’Esterellite dit aussi porphyre bleu de l’Esterel sorte de roche dure comme le granite et issu d’une carrière proche. À cela s’ajoute à la base de l’œuvre un petit bronze avec l’inscription suivante voulue par Angelo Mariani : La ville de Saint-Raphaël à la ville de Fréjus. Enfin, un socle conséquent d’une dizaine de centimètres de hauteur. Après la Grande Guerre, la stèle en l’état est à chaque 11 novembre honorée par les riverains. Personne n’oublie en effet que Roland Garros est tombé au champ d’honneur, le 5 octobre 1918. Puis les années passent. Lors du Second conflit mondial et l’occupation du département du Var par les armées allemandes, le monument n’est pas inquiété. Même chose, semble-t-il, avec la tragédie de Malpasset en décembre 1959 qui provoqua la mort de 423 personnes. La base aéronavale de Fréjus, qui se trouvait sur le trajet de la vague de 40 mètres de hauteur, avait été à plus de soixante-quinze pour cent détruite.

   En 1986, une enquête dans le cadre d’un inventaire général du patrimoine culturel pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur sous la référence IA83000667 constate toujours l’existence du buste d’Étienne Forestier et du bronze de Patriarche. Le second petit bronze n’est, par contre, pas mentionné, ni même la palme. En réalité, ils ont déjà disparu. À contrario une nouvelle plaque en marbre est apparue. Elle correspond au souvenir de l’Union des Évadés de guerre dont Roland Garros fut le cofondateur.

Plaque en marbre placée par l'Union Nationale des Evadés de Guerre.

Plaque en marbre placée par l’Union Nationale des Evadés de Guerre.

   En 2003, un colloque et une exposition sont organisés pour le 90e anniversaire de la traversée de la Méditerranée à Fréjus. Le monument est légèrement modifié.

plexiglassgarros   Un support en plexiglas apparaît en lieu et place du bronze de Patriarche qui n’est plus présent avec un texte qui comporte une anomalie typographique : Fréjus est écrit en minuscule et Bizerte en lettres capitales. On remarque aussi une iconographie qui interroge ? L’avion représenté est-il bien un Morane-Saulnier ? Une publication en l’occurrence les actes de cette manifestation culturelle intitulée : Roland Garros, n°15 doit ensuite voire le jour par le biais de la Société d’Histoire de Fréjus et de sa région. Mais ce document pour des raisons techniques ne fut jamais imprimé. On profita malgré tout de cette commémoration pour déplacer la stèle. Elle quitta l’entrée de la base aéronavale et rejoignit la plage au bout du boulevard de la Mer toujours à Fréjus face à la Méditerranée. (Par cette action, on exauçait du même coup et peut-être sans le savoir le vœu initial d’Angelo Mariani !).

   Autre élément intéressant le 12 octobre 2008 à Paris et plus précisément à l’Hôtel Marcel Dassault, 7 rond-point des Champs-Élysées à Paris eut lieu une vente aux enchères sous l’autorité du Commissaire-priseur Monsieur Hervé Poulain concernant à la fois des lettres et manuscrits de Jean Mermoz et une collection de Monsieur A et à divers.

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Dr : Artcurial.

   Le lot 298 est présenté ainsi : 1ere traversée de la Méditerranée le 23 septembre 1913 : Roland Garros sur Morane-Saulnier. Plaque en bronze du sculpteur L.Patriarche 46,5 X 58,5cm. Avec un poème de Jean Aicard inscrit sur la plaque : « Seul le 23 septembre en l’an 1913, Garros en monoplan sans flotteurs, prit essor dans ce golfe, et, courrier de l’audace française, en 7 heures par un matin d’azur et d’or, survolant le premier la vaste mer déserte, il alla se poser d’un bond sur Bizerte ». Estimation 5 000 – 6 000 € . Vendu 5 700 €.

   De toute évidence, ce lot doit être une copie de l’original réalisé par l’artiste en 1914.

   En janvier 2010, le quotidien Var-Matin publie un article fort passionnant intitulé : Fréjus : Ces statues au gré du temps. On y apprend par la voix de Philippe Cantarel, guide conférencier de la ville que cette pièce en hommage à Roland Garros est la plus célèbre de la commune. On peut aussi constater par le biais de la photographie réalisée par Philippe Arnassan, afin d’illustrer le propos du journaliste E.D, que le bronze de départ signé par Patriarche a bien été remplacé par un autre bronze quelconque.

On peut apprécier la finition de la mise en place.

On peut apprécier la finition de la mise en place…

   Et qui comporte la même bizarrerie typographique que sur le plexiglas : là aussi le nom de la ville de Fréjus est inscrit en minuscule et celui de Bizerte en lettres capitales. On remarque aussi que le buste de Garros au niveau de l’arcade sourcilière gauche est maintenant abîmé, tout comme la narine droite et l’œil droit de Roland Garros. Et même le bord de sa casquette droite…

DSCF4549   En novembre 2015, ce qui reste de la statue voulue par Angelo Mariani en hommage à Roland Garros pour son exploit aéronautique à la face du monde, s’enfonce quelque peu dans l’oubli et dans les sables de cette belle plage de Fréjus, ville d’art et d’Histoire. Tout en regardant, fière et stoïque, la Méditerranée, la Tunisie et la Corse…jusqu’à quand ?                                                                                           A.D

(1) Mercredi 24 septembre 1913, L’Aurore, en première page de ce quotidien, article intitulé : La conquête de l’air. Garros traverse la Méditerranée.

   J’ai le plaisir pour l’aide apporter dans la réalisation de ce texte, de remercier Mme Saliha Ollivier, spécialiste de l’histoire de Roland Garros en général et de sa traversée vers Bizerte en particulier, M. Michel Roudillaud, historien des communes de Saint-Raphaël et de Vidauban, sans oublier Mme Julie Mariotti, attachée de conservation au service archéologique de la commune de Fréjus. Il en va de même avec Mme Brigitte Auloy, Adjointe au Maire, déléguée au patrimoine, à l’Animation, à la culture et au tourisme et M. le Sénateur du Var, Maire de Fréjus, M. David Rachline.

Roland Garros face à la Mediterranée.

Roland Garros face à la Méditerranée.

Pour plus d’informations,  Cf, les livres suivants :

livreangelomariani1.jpeg   Angelo Mariani : L’inventeur de la première boisson à la coca. Éditions Anima Corsa juin 2014 Bastia. 5 boulevard Hyacinthe de Montera. Christophe Canioni : 04 95 48 68 86. Et aussi sur le site Amazon.fr. Sans oublier : Cocaïne histoire mondiale d’une drogue aux Presses Universitaires de Corse, Éditions Anima Corsa, mars 2015 ou dans lequel un chapitre est consacré à Angelo Mariani.

Cocaïne histoire mondiale d'une drogue aux Presses Universitaires de Corse, Éditions Anima Corsa, mars 2015.

 

Une brève histoire de la Fontaine dite la Siagnole à Valescure commune de Saint-Raphaël (Var).

   Angelo Mariani en 1904 fait don à la commune de Saint-Raphaël d’un de ses terrains à Valescure afin de permettre l’installation d’une fontaine pour le bien de la population locale. Élément bien agréable du reste lors des périodes estivales. Afin d’embellir ce point d’eau, il demande à son ami parisien le sculpteur Théodore Rivière (1857-1912) de lui réaliser un magnifique bronze représentant une nymphe allongée sur des rochers et à Oscar Roty (1846-1911) un petit macaron en forme de tête de faune. Avec d’autres, il participe activement à l’aspect financier de ce projet qui devient du coup réalité.

   Cette oeuvre d’art, réalisée hors musée et située en plein air, aux abords de la Villa Andréa (en l’honneur de sa fille, trop tôt disparue) fait la une de plusieurs publications nationales de l’époque, comme La Simple Revue ou bien encore l’Illustration dans laquelle Angelo Mariani pose aux cotés de Rivière et de Roty. Cette beauté artistique a pour cadre les pins parasols et les eucalyptus. Cette beauté féminine ondulante, allégorie de l’écoulement de l’eau se repose allongée aux yeux de tous sur plusieurs blocs rocheux de rhyolite venus de l’Esterel voisin.

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   Cette fontaine qui est en réalité une commande personnelle d’Angelo Mariani à Théodore Rivière est un monument assez osé pour l’époque. Il se veut surtout être la conclusion de la source de la Siagnole. Pour preuve, l’extrait rédigé par le Docteur Langer (Plus connu sous le pseudonyme de Georges Régnal) et paru dans la Simple revue en 1910, intitulé : En Provence à Valescure à la villa Andréa (Villa Mariani) : « Un exquis petit ruisseau formé par la source de la fontaine la Siagnole traverse la propriété d’Angelo Mariani. Avec l’eau, dans le Midi, on fait de la végétation tropicale à volonté, comme aussi on acclimate toutes les espèces des régions tempérées, qui poussent seulement là plus vigoureuses, plus violemment colorées que partout ailleurs. Parmi les palmiers, les aloès, les kakis, les daturas, les camélias, et mille autres plantes, j’ai vu après un orage, un poivrier dont chaque feuille retenait une goutte de pluie irisée par le soleil déclinant … On eut dit la parure de Selika suspendue à ses branches. Entre M. A. Mariani et la Siagnole, il y a eu échange de bons procédés; si l’un doit à l’autre la beauté de ses parterres, il lui en a témoigné sa reconnaissance par l’érection d’ une fontaine à quelques pas de la villa, au rond-point du parc. La ravissante « Nymphe » de Théodore Rivière allongée sur la roche tend une coupe à la source délicieuse ».

   D’ailleurs ce n’est pas la première fois qu’Angelo Mariani fait bâtir une fontaine. En témoigne cette autre source réalisée par ses soins dans son village natale de Pero-Casevecchie en Corse en 1896.

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   En ce qui concerne la fontaine artistique de Valescure parfois dénommée la Sirène, elle est officiellement inaugurée en février 1905. En présence du Préfet du Var, M. Charles Evariste Bonnerot (1856-1933) et du maire de Saint-Raphaël, M. Léon Basso. La municipalité par la suite avec une délibération en date du 16 avril de la même année entérine ce don. Pendant plus de trente-sept années, la sculpture de Théodore Rivière fera le bonheur des habitants de Valescure commune de Saint-Raphaël dans le Var.

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   Ce point d’eau va ensuite connaître bien des vicissitudes. Qu’on en juge par ces quelques éléments : Le 11 novembre 1942, les armées allemandes envahissent la zone de Vichy, dite « libre ». Ces derniers réagissent en représailles au débarquement allié en Afrique du Nord. Les Italiens le jour suivant font de même pour huit départements français et agrandissent de la sorte leur propre zone d’occupation en y incluant la Corse. Ils atteignent le Rhône. Le Var (a) de ce fait passe sous leur contrôle. Le 27 novembre les allemands, présents dans cette partie du territoire national attaquent par surprise Toulon. Le but est de s’emparer de la flotte française. C’est un échec pour eux car les navires français se sabordent. Les allemands occupent cependant la base aéronavale de Fréjus. Il est souvent dit que les militaires Allemands en 1942 ont pris alors la statue en bronze de Valescure comme trophée de guerre pour leur fonderie. On peut donc aisément dater, au vu des évènements, ce triste forfait entre la fin novembre et le mois de décembre de la même année. Chose étonnante, ils ne prennent ni la tête de faune, ni la plaque d’inauguration (b).

   Après guerre la fontaine semble passer dans l’oublie jusqu’au jour d’une modification urbanistique dans le quartier de Valescure. En 1985, à l’emplacement du carrefour dit des Anglais, il est décidé de la déplacer de quelques dizaines de mètres. Mme Baur responsable associative en fut le maître d’oeuvre. Cette nouvelle localisation voulue par la municipalité de l’époque, doit faciliter la circulation automobile croissante. La Mairie en profite pour faire un modèle de la tête de faune et remplacer l’original. Ce dernier se trouve en toute logique aujourd’hui au musée de Saint- Raphaël. Seule reste sur place la plaque commémorative, incrustée dans la fontaine ou ce qu’il en reste. Bien des années plus tard, Émilie Michaud-Jeannin (docteur en histoire de l’art) dans le quotidien Var matin du 2 septembre 1990 (c) émettait une idée par le biais d’une remarque ingénieuse : « Il est regrettable de ne pas avoir retrouvé un moulage qui l’eût remplacée ». Auparavant Émilie Michaud-Jeannin nous apprenait déjà, le 8 août 1989, que la demeure villa Andréa, avait été réalisée dès 1888 par l’architecte Ravel.

   La photographie est réalisée là encore par A. Bandieri. Dans la revue l‘Illustration du 11 mars 1905, n° 3237, à la rubrique : documents et informations, le journaliste en charge de cette partie a la mauvaise idée de recadrer la photographie. Il fait disparaître du coup Roty et Mariani ne laissant que Théodore Rivière. Mieux, il remercie la colonie étrangère (anglaise) d’avoir doté la commune de Saint-Raphaël de cette oeuvre. Cette dernière n’y est pourtant pour rien. Pour preuve la délibération du conseil municipal de Saint-Raphaël du 16 avril 1905 qui rectifie cette erreur par la précision suivante : « M. Mariani, Mesdames Bouloumié et Chapusot et Messieurs Kuhn, Labbé, Lutaud, Paoli et Roty ont tous contribué aux frais d’édification du monument sur un terrain appartenant à M. Mariani, en bordure sur le Boulevard de Valescure. Cette fontaine est due au ciseau artistique du sculpteur Théodore Rivière ». Quelque temps plus tard, la plaque d’inauguration est déplacée de la droite vers la gauche du monument. Et on y voit apparaître un nouveau nom : H. Poussin (Henri Poussin,  architecte connu pour ses réalisations carcérales).

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Photographie d’A. Bandieri avec Théodore Rivière sans Roty et Mariani.

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Photographie d’A. Bandieri avec Théodore Rivière, Roty et Mariani.

   Sur cette carte postale ci-dessous, on distingue Mme Isabelle Chapusot, Angelo Mariani avec sa barbe blanche et en retrait Xavier Paoli, son cousin commissaire principal de Police à Paris en charge de la Sécurité des personnalités politiques de passage sur le territoire national. En arrière-plan, on remarque la villa Mariani dite Andréa construite en 1890.

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   C’est un autre cliché d’A. Bandieri. Ce dernier possède un studio photographique sur la place Pierre Coullet au centre-ville de Saint-Raphaël. On doit à ce photographe de nombreuses images du début du siècle passé réalisés pour l’essentiel dans le Var.

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Extrait d’un cliché paru dans l’ouvrage rédigé par Marcel Carlini et intitulé : Saint-Raphaël, le temps retrouvé, Editions Equinoxe, 1998.

(a) Le Var est occupé militairement, et ce de manière totale du 28 novembre 1942 au 8 septembre 1943 par l’Italie fasciste et la 4e armée du général Vercellino. Le 9 septembre 1943, suite à l’armistice italien avec les alliés (Cassibile) et à la chute du dictateur Mussolini, l’armée allemande envahit alors le Var. En réalité, les nazis se sont déjà positionnés sur les côtes de Provence dès juillet 1943. Ils y resteront jusqu’au 15 août 1944. À cette date des commandos français et l’armée U.S, les chasseront en débarquant victorieusement en Provence.

(b) Il peut être important de lire sur ce sujet, l’étude précise de Jean-Yves Coulon, parue dans le quotidien Ouest-France en décembre 1984 et intitulé : La Saint-Barthélemy de la statuaire.

(c) Émilie Michaud-Jeannin, La nymphe de la Fontaine, Théodore Rivière l’avait sculptée pour orner le carrefour des Anglais. Souvenir de l’artiste, Var matin, 2 septembre 1990.

   Pour en savoir plus sur cette fontaine âgée de 110 ans, on peut se reférer aux articles et textes suivants parmi d’autres :

Exposé sur Valescure, Magali Kieffer et Louis Marsan, 17 mars 1977, comité de promotion culturelle, Villa Marie à Fréjus.
Var Matin République, 19 mars 1977, Valescure un site fort apprécié grâce aux efforts d’un ancien maire raphaëlois : Félix Martin, A.P.
Nice Matin, 20 mars 1977, Quand Valescure avait l’accent d’Oxford.
Var Matin, 8 aout 1989, Villa Andréa, le souvenir d’Angelo Mariani, Emilie Michaud-Jeanin.
Var Matin, 2 septembre 1990, La nymphe de la fontaine, Emilie Michaud-Jeanin.
Courrier de Valescure, n° 23 février 1996, Mariani à Valescure…il y a 100 ans, Pierre Fernez.
Fiche n° 179, concernant Angelo Mariani au service des archives et de documentation, ville de Saint-Raphaël en date de décembre 2003.
Courrier de Valescure, n° 39 février 2004, Le vin Mariani ou l’origine du Coca-Cola, Corinne Galland.
Var Matin, 17 juillet 2007, Angelo Mariani, l’homme qui inventa le French tonic wine, C. Bobo.   A.D
Va lescure2saam