Simon Horace Alexandre ou le frère cadet d’Angelo, l’inconnu de la famille Mariani.

Horace Alexandre Simon Mariani

Horace Alexandre Simon Mariani.

   De lui, on ne sait que peu de choses. Il est le 8 mai 1849 à Bastia. Au côté de son père pharmacien et de son frère aîné, il travaille dans la pharmacie familiale du Boulevard du Palais. Puis qu’il accompagne Angelo Mariani, à Paris. Bien que diplômé lui aussi par l’école de pharmacie de la capitale, Horace Mariani est surtout attiré par la poésie. À cet égard lors d’une de ses promenades en Normandie, il tombe amoureux fou d’une villa située à Villers-sur-Mer.

La villa d'origine vers 1880.

La villa d’origine vers 1875. Dr.

   Cette bâtisse est alors connue sous la dénomination de Fanny-André, au 3 rue de l’étang. Horace décide de l’acheter grâce aux subsides de son frère. Puis de la transformer à son goût en y ajoutant un très grand parc. Cette demeure prend enfin, par sa demande un nouveau patronyme. Elle devient Villa Mariani.

La villa Mariani vue de profil face à la mer.

La villa Mariani agrandie. Vue de profil face à la mer.

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La villa Mariani.

Le bacon face à la mer.

Détail. Le balcon face à la mer.

En y regardant de plus près, n'est ce pas Angelo Mariani présent sur le balcon ?

En y regardant de plus près, n’est ce pas Angelo Mariani avec sa célèbre barbe blanche présent sur le balcon ?

   Nous sommes dans les années 1880. L’une des particularités de cette habitation tient au fait qu’elle se trouve installée sur le méridien de Greenwich. C’est en cet endroit qu’Horace va rédiger ses principales poésies teintées de son idéal politique libertaire. Anarchiste revendiqué et assumé, notre poète est un défenseur de la liberté d’opinion. En 1908, il publie à ses frais son seul recueil connu à ce jour : Poésies, 192 pages, Éditions Maurice Dormann, Étampes, puis réédité en 1910 avec des compléments, soit un total de 252 pages.

Poésies d'Horace Mariani.

Poésies d’Horace Mariani.

   En parcourant ce document, on constate d’emblée qu’Horace aime à écrire des vers comme ceux-ci, issus du poème intitulé : Autobiographie.

Renseignements précis,

Importants et concis

Sur ma biographie

Pour ma chère Patrie.

Apprends, cher Univers,

Ma vie en quatre vers :

Bastia m’a vu naître

Et Paris m’instruisit ;

Villers me séduisit,

Cimetière Est, Paris, me verra disparaître !

   Dans cette magnifique propriété villersoise, administrée par sa gouvernante Blanche Delauney, Horace Mariani passe le plus clair de son temps à cultiver des roses. Il se transforme en l’un des meilleurs spécialistes français, tout comme son frère l’est pour la coca, selon la revue Figaro-Modes du 15 août 1903.

Le jardin

Le jardin

Le jardin de la villa Mariani en 1903.

Le jardin de la villa Mariani en 1903.

   Notre poète cueille d’ailleurs ses roses de bon matin et les fait livrer à Paris par caisses entières à ses amis avant l’heure du Five O’clock (1). Tout cela grâce à l’utilisation du train. Ensuite l’après-midi, Horace se réserve à l’écriture, à la musique (2) et aux promenades. Chemin faisant et passionné par la création de jardins, Horace dessine lui-même de nombreux plans.

   Au pied de sa résidence, l’un des plus beaux parcs de Villers-sur-Mer voit le jour par ses soins avec vue sur la Manche. Angelo Mariani fait parfois le déplacement en ce lieu normand. N’hésitant pas à accompagner quelquefois son frère jusqu’à la plage. À d’autres moments, c’est sur la terrasse de la villa qu’Angelo admire le paysage de Villers. Clin dœil de l’Histoire, c’est à Rouen (Normandie) que se localise de nos jours le remarquable tableau de Jules Grün commandé par lÉtat : Un vendredi au salon des artistes français 1911, apparaît en premier plan, Angelo Mariani.

   On ne peut omettre d’évoquer dans le sillage d’Horace Mariani, la présence discrète de Pierre Ucciani, peintre à Ajaccio en 1851. Ce dernier quitte lîle au décès de son père en 1858. Joaillier à Paris en 1879, on le retrouve par la suite expert en bijouterie auprès du tribunal civil de la Seine. Dans le même temps, il vend de nombreux tableaux d’artistes encore peu connus, dont ses propres productions, afin d’améliorer ses fins de mois. Grâce à cette aisance financière, Ucciani déménage à Neuilly-sur-Seine au 5 rue Alfred de Musset. Et en profite pour retourner de temps à autre en Corse. Sur place, il y peint certains lieux de son enfance comme Golfe d’Ajaccio, 1884 (huile sur bois) ou bien encore Le Clocher d’Ucciani, 1892 (huile sur bois).

   De temps à autre notre artiste croise la famille Mariani à Neuilly-sur-Seine. On évoque autour d’un café, avant tout chose la Corse, mais aussi la belle lumière de Villers-sur-Mer en Normandie qui attire nombre d’aquarellistes. Horace Mariani l’invite en ce lieu. Ucciani accepte et se rend à Villers. Le résultat ne se fait pas attendre. Tombé sous le charme de cette station balnéaire, Pierre Ucciani y séjournera dès lors chaque été à venir. Peintre de la côte normande, il y travaille avec sa fille Marie-Renée. Sans aucune modération. Plusieurs tableaux sont ainsi réalisés sur place comme La Falaise vue de Villers (huile sur bois), ou bien encore Les Vaches noires à marée basse, en 1910. L’endroit l’inspire, de toute évidence. À tel point qu’il fait construire fin des années vingt, une petite maison au nom évocateur de : Villa Corsica.

   Mais revenons à Horace Mariani. Après la mort de son frère en avril 1914, le poète vend sa propriété normande (3) pour la somme de 130 000 francs de l’époque à Madame Veuve Auguste Morgon (4). Nous sommes en mai 1917.

La villa change de nom.

La villa change de nom.

   L’esprit de famille passe avant tout. Il veut aider son neveu Jacques dans la transmission et la bonne tenue des Établissements Mariani à Neuilly-sur-Seine. Pour cela, il a gardé un pied-à-terre au 39 boulevard Haussmann, proche de la pharmacie familiale situé au 41. Le cap passé, Horace Mariani toujours célibataire, alterne sa vie entre la capitale et Velone-Orneto. Une sorte de retour aux sources. Il décède à Paris en 1932 et est inhumé au Père-Lachaise comme il l’avait souhaité, aux côtés de Julius Nathan Jaros, son beau-frère. Terminons maintenant ce portrait par ses quelques vers sous forme de souhaits rédigés le 29 octobre 1908 par Horace à Villers-sur-Mer.

Lorsque pour toujours de mon être

La brève vie aura cessé

Puisse-je ne pas disparaître

Dans les ténèbres du Passé.

Voilà tout ce que je souhaite

Pour mon lot de simple poète.

   La villa Mariani existe toujours.

Une vue de la facade dans les années 1960.

Une vue de la façade dans les années 1960, XXe siècle. Dr

En ce XXIe siècle quelques vues :

 

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Magnifique demeure avec une toiture légèrement modifiée.

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Au premier plan une partie du jardin transformée en parking.

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Le portail d’entrée de la villa dite Mariani est d’époque et fonctionne toujours.

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Un M en majesté qui a parcouru les décennies et voulu par Horace Mariani.

A.D

 

(1) En 1843, la ligne gare Saint-Lazare-Rouen est inaugurée (140 kilomètres en quatre heures).

(2) À ce jour, une seule partition musicale d’Horace Mariani a été retrouvée. Soit Tristia publiée par L. Grus à Paris en 1902.

(3) Le jardin a laissé la place depuis à une autre résidence.

(4) Histoires de villas : Villers-sur-Mer, Magdeleine Gaston-Duprez, Éditions Esther Flon, 2001.

(5) C’est le docteur Fauvel qui habitant au 41 invita Angelo Mariani à installer sa pharmacie à la même adresse.

Julius Nathan Jaros : un homme discret et efficace ou l’ombre américaine d’Angelo Mariani.

Extrait d'un des deux portraits d’Angelo Mariani réalisés par le peintre Fernand Roybet  (1840-1920).

Extrait d’un des deux portraits d’Angelo Mariani réalisés par le   peintre Fernand Roybet   (1840-1920).

Qui est Julius Nathan Jaros (1856-1925) ?

   Julius Nathan Jaros est le fils de Léopold Jaruslawski (1821-1896) et de Hannchen Elsberg (1830-1912) originaire de Pologne et d’Allemagne. Il est né le 26 août 1856 à Philadelphie (Pennsylvanie). Il a une sœur Berthe (1858-1935) et un frère Alfred (1860-1932).

    Il se marie à Paris avec Virginie Mariani (petite sœur d’Angelo Mariani) le 4 octobre 1887. Ce qui fait d’elle par cette union une Américaine. C’est un mariage d’amour chose assez rare dans ces milieux aisés de l’époque. Ils vivent à New York au 266 West End Avenue entre la 72d et 73d Street dans un hôtel particulier qu’ils font construire et qui existe toujours. Angelo Mariani nomme sur place son beau frère Julius Nathan Jaros, époux de Virginie Mariani, sa sœur, comme responsable des succursales nord-américaines. Ils sont les gérants de la marque Mariani à Montréal (Canada) au 87 St James Street et au 28-30 Hospital S1. À New York (E.U), leurs principales succursales se localisent au 52 West, 15th Street et au 19 East, 16th Street, entre Broadway et la 5th Avenue. Julius Jaros aidé de sa famille œuvre à l’installation des produits Mariani sur le continent nord-américain (États-Unis et Canada). Et ce avec beaucoup de réussite grâce à un travail de tous les jours.

  En 1893 Julius Jaros réussit à rencontrer le Président U.S Mac Kinley et obtient une recommandation de choix : « Mac Kinley, Président des États-Unis, vient de donner à notre ami Mariani une marque flatteuse de son estime en chargeant M. Jaros, son beau-frère, de remettre au vulgarisateur de la Coca son portrait et son autographe ».(Le Figaro, 30 juillet 1893). Ce fait est dû à l’épisode du Président Ulysses Grant qui dirigea le pays de 1869 à 1877. Ce personnage décédé en juillet 1885 utilisa le vin Mariani, sur les conseils de son entourage. Il semble que le produit atténua ses souffrances et allongea un temps la vie de l’ancien Président. Du coup, de nombreux Américains comme le Président U.S Mac Kinley vont chercher à en savoir plus sur ce vin français, composé de feuilles de coca. Mieux Angelo Mariani conscient du poids économique du marché américain en devenir se rend à plusieurs reprises à New York. Il en profite pour saluer son beau-frère et sa soeur tout en s’assurant du même coup de la bonne gestion de son entreprise.

Bouteille Mariani de 50 cl.

Bouteille Mariani de 50 cl.

   Julius Jaros et Angelo Mariani développent en fin connaisseur la publicité dans de nombreux journaux et magazines américains surtout dans une période allant de 1896 à 1902. De nombreux territoires sont touchés par cette publicité. À la date d’aujourd’hui et selon l’état actuel de nos connaissances, on peut affirmer que de nombreux États américains ont connu les honneurs de la publicité pour le vin Mariani grâce à Julius Jaros. Ce dernier en effet va quadriller l’espace américain par des États clés : Oregon, Californie, Arizona,Utah,Texas, Kansas, Nebraska, Minnesota, Floride, Washington D.C, New York, Pennsylvanie. C’est ainsi que l’on peut remarquer quelques titres parmi beaucoup d’autres en respectant un ordre chronologique :

The New York Times. Gravure de MORTIMER, W. Golden parue dans l’édition du 25 décembre 1898.

The New York Times. Gravure de MORTIMER, W. Golden parue dans l’édition du 25 décembre 1898.

    New-York Tribune, 1er mars 1896. Arizona republican, Arizona, 28 décembre, 1897. The Evening Times, Washington DC, 3 mai 1898. The Herald, Los Angeles, Californie, 8 octobre 1898. Omaha Daily bee, Nebraska, 26 octobre 1898. The Sun, New York, 30 octobre 1898. The New-York Times, 25 décembre 1898. Brooklyn NY Standard Union, 28 décembre 1898. The Saint Paul Globe, Minnesota, 31 juillet 1898. The San Francisco Call, 1er janvier 1899. The Saint Paul Globe, Minnesota, 1er janvier 1899. The Evening Times, Washington DC, 3 janvier 1899. The Sun, New York, 18 janvier 1899. New-York Herald, 29 janvier 1899. New York Daily Tribune, 12 février 1899. New-York Daily Tribune, 22 mars 1899. The San Francisco Call, 22 mars 1899. The San Francisco Call,2 avril 1899. Brooklyn NY Standard Union, 3 avril 1899. The New-York Times, 9 avril 1899. The San Francisco Call, 21 avril 1899. The San Francisco Call,1er mai 1899. Evening Telegram, 6 mai 1899. New-York Daily Tribune,7 mai 1899. The Salt Lake Herald, 14 mai 1899. The San Francisco Call, 14 mai 1899. New-York Daily Tribune, 11 juin 1899. The San Francisco Call,25 juin 1899. The Salt Lake Herald, Utah, 12 juillet 1899. The Salt Lake Herald, Utah, 23 Septembre 1899. New-York Daily Tribune, 27 aout 1899. The Sunday Télégraph, 27 aout 1899. The Sunday Télégraph, 21 septembre 1899. Sacramento Daily Union, 24 septembre 1899. The Wichita Daily eagle, Kanzas, 1er Octobre 1899. Kansas City journal, Kansas, 26 Novembre 1899. The Scranton tribune, Pennsylvanie, 12 Decembre 1899, Lincoln County leader, Oregon, 5 janvier 1900. The Houston Daily post, Texas, 3 mars 1900. The Sunday Télégraph, 1er avril 1900. The Evening Times, Washington DC, 17 avril 1900. Evening Star, Washington DC, 17 avril 1900. The Florida Star, Floride, 16 Novembre 1900. New York NY Morning Telegraph, 2 avril 1901. New York NY Morning Telegraph, 18 avril 1901. New York NY Morning Telegraph, 14 mai 1901. New York NY Morning Telegraph, 29 mai 1901. New York NY Morning Telegraph, 14 juin 1901. New York NY Morning Telegraph, 30 juin 1901. New York NY Morning Telegraph,14 juillet 1901. The Morning Telegraph, New York, 28 juillet 1901. New York NY Morning Telegraph, 11 aout 1901. New York NY Morning Telegraph, 29 aout 1901. The Morning Telegraph, New York, 4 mars 1902. New York NY Morning Telegraph,19 mars 1902. New York NY Morning Telegraph, 2 avril 1902. The Morning Telegraph, New York, 30 avril 1902.

Iconographie d'Angelo Mariani publié dans le quotidien Evening Star de Washington, 3 janvier 1899.

Iconographie d’Angelo Mariani publié dans le quotidien Evening Star de Washington, 3 janvier 1899.

   Le 1er janvier 1908, Julius Jaros est fait chevalier de la Légion d’honneur au motif de son travail pour le rapprochement entre la France et les États-Unis. Après une vie bien remplie, Julius meurt en France en octobre 1925 et est enterré au Père-Lachaise. À ses côtés reposent Horace et Antoinette Mariani. Virginie Mariani jusqu’à son décès en 1945 ne se remariera pas et rejoint pour l’éternité son défunt mari Julius Jaros.           A.D

L'origine de cette photographie provient d'une revue intitulée : La Marmite républicaine en 1901. Ouvrage rare non mis dans le commerce, mais qui permet d'apprendre qu'Angelo Mariani était un républicain.Les auteurs de ce cliché sont de la maison Braun, Clément et compagnie et éditée par les frères Protats. Elle fut publiée aussi aux Etats-Unis dans l'ouvrage de MORTIMER, W. Golden,  Peru : History of coca, New York, J.H. Vail, 1901.

L’origine de cette photographie provient d’une revue intitulée : La Marmite républicaine en 1901. Ouvrage rare non mis dans le commerce, mais qui permet d’apprendre qu’Angelo Mariani était un républicain.Les auteurs de ce cliché sont de la maison Braun, Clément et compagnie et éditée par les frères Protats. Elle fut publiée aussi aux Etats-Unis dans l’ouvrage de MORTIMER, W. Golden, Peru : History of coca, New York, J.H. Vail, 1901.


 

Pour plus d’informations,  Cf, le livre suivant :

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Angelo Mariani : L’inventeur de la première boisson à la coca.

Editions Anima Corsa juin 2014 Bastia.

5 boulevard Hyacinthe de Montera.

Christophe Canioni : 04 95 31 37 02.

Et aussi sur le site Amazon.